Écologistes interpellés : « Le système se sent en danger »

Le 7 juin, à Bayonne, 130 personnes ont répondu à l’appel à la mobilisation des Soulèvements de la Terre. - © Chloé Rébillard / Reporterre
Le 7 juin, à Bayonne, 130 personnes ont répondu à l’appel à la mobilisation des Soulèvements de la Terre. - © Chloé Rébillard / Reporterre
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Luttes Libertés Soulèvements de la TerreLe 7 juin, à travers la France, 23 rassemblements ont été organisés pour soutenir les militants arrêtés après une action dans une cimenterie Lafarge. À Bayonne, plus d’une centaine de personnes ont fait le déplacement.
Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), reportage
« Il ne faut pas se laisser intimider. Il ne faut pas se laisser apeurer. On reste mobilisés ! » Au micro, le père d’un jeune activiste écologiste aujourd’hui en garde à vue, crie sa détermination à continuer la lutte malgré une répression qui s’intensifie. Le 5 juin, une quinzaine de militants ont été arrêtés par les brigades antiterroristes à travers la France. Ils sont accusés de dégradations lors d’une action dans une cimenterie Lafarge-Holcim de Bouc-Bel-Air, près de Marseille, le 10 décembre dernier. À Bayonne, plus d’une centaine de personnes sont venus le 7 juin devant la sous-préfecture pour dénoncer la situation.
Au total, plus de vingt rassemblements ont eu lieu partout en France devant des commissariats, des préfectures ou encore une usine Lafarge. Au Pays basque, le réseau Ostia — réseau de collectifs basques qui « lutte et protège les terres contre la spéculation immobilière » — s’est fait le relais de l’appel des Soulèvements de la Terre, qui avaient lancé un appel à la mobilisation : « Assimiler aujourd’hui à du terrorisme l’usage légitime de la pince coupante, de la masse et de la clé à molette en vue de neutraliser des infrastructures est un inacceptable retournement ! »

« Un système qui se sent en danger »
Parmi les soutiens venus en ce début de soirée, Jean-Marc, qui a appris la nouvelle du rassemblement presque par hasard : « C’est une amie qui m’a envoyé un message pour me demander si je venais. » Il a tenu à faire le déplacement : « Ça se durcit de partout. Ce sont seulement des actions de dénonciation, ceux qui ont fait ça ont juste employé une clé à molette ! Si la répression est aussi forte, c’est qu’il y a tout un système qui se sent en danger ».
Joana, membre du réseau basque Ostia, a un objectif : « Il faut qu’on soit nombreux afin de montrer au plus grand nombre que la répression de l’État est de plus en plus présente et injustifiée. » Sa camarade — elle aussi dénommée Joana — partage son point de vue. « On essaye de faire le lien, d’élargir les réseaux. Il faut conscientiser et stopper les projets de bétonnage au niveau local pour gagner partout », explique-t-elle.
Réveil brutal
Parmi la foule, de nombreux parents de gardés à vue. Ils témoignent de la brutalité des interpellations le 5 juin. « C’était violent », se souvient une mère d’un jeune arrêté. Son fils, qui vit à Toulouse, était ce jour-là de passage au Pays basque. Les forces de police ont débarqué dans l’appartement familial à l’aube. « Ils nous ont séparés pour qu’on ne communique pas avec lui », reprend-elle.

Pour l’instant, trois personnes ont été libérées sans contrôle judiciaire, selon nos informations. Les autres devraient rester en garde à vue quarante-huit heures de plus, car elles ont été arrêtées pour « association de malfaiteurs ». Mais la situation reste incertaine. « Les avocats peuvent assister aux interrogatoires, mais ils n’ont pas accès au dossier pour le moment », dit la mère du jeune Basque encore retenu. À Bayonne, devant la mairie, un premier rassemblement de soutien aux interpellés et de protestation face à la répression subie par le mouvement écologiste s’était tenu le soir même des arrestations.
La petite foule présente le 7 juin a ponctué la fin des prises de parole par des cris demandant la libération des prisonniers, avant de se disperser sous la chaleur d’une fin de printemps déjà estivale.