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Luttes

En Belgique aussi, la colère contre TotalÉnergies grandit

Blocage des sites de TotalÉnergies à Feluy et Liège, en Belgique, samedi 8 octobre 2022.

Pour protester contre la politique industrielle de TotalÉnergies et réclamer plus de justice climatique, 1 200 personnes ont bloqué partiellement ses activités en Belgique les 8 et 9 octobre. L’action s’est déroulée sans violence ni répression.

Bruxelles (Belgique), correspondance

Au petit matin du samedi 8 octobre, près d’un millier de militants ont convergé vers deux sites industriels de la multinationale TotalÉnergies en Belgique, avant d’en occuper les accès et les alentours. Avec détermination, ils ont tenu jusqu’au lendemain en milieu d’après-midi, passant la nuit sur place. L’opération de désobéissance civile, dénommée « Code rouge », est la première de cette ampleur en Belgique depuis une quinzaine d’années.

Le dépôt de carburant Feluy, dans la province du Hainaut, et le site de Wandre, près de Liège, ont été les deux cibles de la coalition de vingt-quatre organisations de la société civile belge à l’origine de la mobilisation. L’objectif était de paralyser localement l’activité du groupe pétrolier, mais aussi de dénoncer plus largement « la responsabilité de l’industrie des énergies fossiles dans la crise climatique et sociale ».

Enchaînés aux grilles d’entrée ou immobilisés avec des « arm-locks » sur les rails servant au transport des produits à base de pétrole, les manifestants de tous âges ont insisté sur la nécessité de sortir d’un modèle fondé sur les énergies fossiles et d’accompagner les sociétés vers plus de sobriété et de justice sociale. La hausse des prix du gaz et de l’électricité, sujet brûlant comme partout en Europe, a été dénoncée par un collage de factures sur des wagons-citernes, tandis qu’une banderole « Les Belges rament, Total profite » est venue rappeler que le groupe énergétique ne cesse de tirer parti de la situation géopolitique actuelle, réalisant des profits records qui bénéficient avant tout à ses actionnaires.

« L’ambiance était très positive, on a eu beaucoup de moments de discussion, de jeu, de conseils », raconte l’une des participantes sous le pseudo de Carwash. Une première action de ce genre pour elle, qui s’est passée sans heurts avec la police et avec le soleil, malgré une nuit rapportée comme assez froide. « Ce que j’ai aimé, c’est d’avoir vécu une forme de démocratie à petite échelle. Où l’on a écouté la parole de chacun. On a discuté de la convergence des luttes, par exemple avec des Gilets jaunes présents, des rapports néocoloniaux Nord-Sud. C’était comme une sorte d’université populaire dans laquelle on s’est posé la question “vers quelle société on veut aller” », explique la jeune femme de 23 ans.

TotalÉnergies ciblée sur tous les fronts

Que ce soit sur son manque d’engagements pour le climat, sa responsabilité dans les atteintes à l’environnement et aux droits humains, son rôle envers la précarité énergétique ou l’avenir des emplois, la multinationale a été la cible constante des prises de parole des participants.

Les projets en Afrique de TotalÉnergies rappellent que des investissements continuent d’être faits sur un modèle non décarboné, encore et toujours, comme le projet Eacop en Ouganda et en Tanzanie qui prévoit de construire le plus long oléoduc du monde, avec des conséquences désastreuses pour les communautés locales et la biodiversité, tandis que des défenseurs de l’environnement y sont menacés.

Mais les problèmes existent également au niveau local puisqu’une plainte a été déposée en février dernier, auprès du procureur du Roi, par la commune d’Écaussinnes contre le site pétrochimique de Feluy, pour pollution chronique de l’environnement et déboisement sauvage. « Je comprends l’exaspération de certains citoyens qui ont recours à la désobéissance civile, surtout quand en face certaines multinationales se placent elles-mêmes en dehors de la loi », souligne Arnaud Guérard, échevin [conseiller municipal] de la commune, présent dimanche après-midi, lors de la manifestation autorisée en soutien au blocage à Écaussinnes, où se trouve une partie de l’usine incriminée.

Enfin, la mobilisation comportait également un appel aux autorités belges pour des actions fortes, au moment où le gouvernement d’Alexander de Croo cherche justement un accord sur la question de la taxation des surprofits réalisés par les entreprises énergétiques.

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