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Agriculture

En Provence, un coin de paradis soigné en permaculture

A 52 ans, France Rieger a choisi de changer de vie et de venir vivre à la campagne. Pour partager sa vision du monde, elle a développé une association de permaculture dans un petit coin de paradis sur la Côte d’Azur.

-  Tourrettes du Loup, reportage

Dans les Alpes maritimes, à une dizaine de kilomètres au-dessus de la ville de Grasse, le petit chemin pédestre qui mène à la maison de France Rieger longe les gorges du Loup. Il faut marcher 250 mètres depuis la route la plus proche à Tourrettes-sur-Loup, pour atteindre le terrain de treize mille mètres carrés, au milieu de la végétation. Au loin, entre les feuilles, se dessine une paroi rocheuse qui arbore un dégradé de couleurs orangées.

L’endroit est « une merveille de biodiversité » pour France Rieger, installée dans cette zone Natura 2000 depuis la création de son association Les Jardins du Loup. L’emplacement, qu’elle a trouvé avec sa compagne Corinne, servait d’antan à la culture de jasmin, d’oranger ou de bigaradier (oranges amères) qui alimentaient les parfumeries de Grasse. « J’ai eu envie de faire revivre ce lieu », dit-elle.

- France Rieger -

En venant s’installer au milieu de la nature, à Pont-du-Loup, France a ainsi fait un pas de plus vers l’écologie. Lorsqu’elle est arrivée en 2011, le petit chalet de vingt mètres carrés présent sur le terrain ne disposait pas de l’eau potable. « Au début, mes amis ont été surpris de me voir m’installer ici, dans un lieu avec si peu de confort ! s’exclame-t-elle. On allait chercher l’eau dans les villages alentours ».

La contrepartie, c’est cette vue dégagée sur la vallée boisée, surplombée de la paroi rocheuse. « La nuit, elle est éclairée par la lune, c’est magnifique », continue de s’émerveiller France. Récemment, elles ont réussi à se rattacher à un point d’eau ; un ruisseau qui passe sur leur terrain en descendant vers le loup. « C’est une grande avancée dans le confort ».

Depuis le lancement des Jardins du Loup en 2011, elle favorise le développement des pratiques écologiques en expérimentant la permaculture sur son terrain et en la faisant connaître grâce à des ateliers de formation ou de partage. Le concept de permaculture est inspiré du fonctionnement de la nature : chaque plante a une fonction en interaction bénéfique avec les autres.

Une plante qui sert d’engrais vert exerce par exemple trois fonctions au cours de sa vie : lorsqu’elle pousse, elle fait de l’ombre pour maintenir le sol au frais. Puis ses fleurs vont attirer les abeilles et ainsi favoriser la pollinisation. En fin de vie, elle servira d’engrais pour alimenter la terre.

Mais la permaculture, comme France aime à le rappeler, c’est aussi bien plus que des pratiques agricoles, « c’est une nouvelle vision de la société, c’est la sobriété heureuse ». Ce sont les idées de Pierre Rabhi qui ont d’abord interpellé France. Elles lui ont donné envie d’agir : « J’ai toujours été proche de la nature et je me reconnaissais beaucoup dans tout cela ».

Pour mettre en pratique ces techniques, France et Corinne ont réaménagé les terrasses déjà présentes sur les terres inclinées pour cultiver les légumes et les plantes. « On veut montrer qu’il est possible de créer une micro-ferme moderne, capable de générer des revenus pour une famille », dit France. Pour l’heure, leur production n’est pas vendue mais leur permet de se nourrir. Elles tirent leurs ressources monétaires des formations qu’elles organisent à partir de leurs expérimentations, et de différents fonds européens et régionaux. Elles emploient trois personnes en comptant France, une jardinière et un responsable technique.

Les jardins urbains, mis en place à Grasse ou encore à Biot, permettent de propager la pratique permacole. Ainsi, le toit du parking Martelly à Grasse se transforme en atelier de jardinage trois fois par semaine, au bonheur des résidents de ce quartier défavorisé.

Sur leur terrain, Corinne et France ont aussi créé un jardin participatif où les habitants du coin peuvent venir apprendre les techniques de la permaculture, tout en participant à l’entretien du jardin : « C’est le principe d’échange d’énergie contre du savoir, explique France, c’est surtout un moment convivial où il y a un brassage impressionnant d’origines sociales, le toubib côtoie le RMIste ».

Cette vocation sociale, France l’avait déjà mise en pratique en lançant Mosaïcité en 2004, une association qui promeut la réinsertion à travers la mosaïque. « Mettre du beau dans la vie des gens et leur prouver qu’ils ont des talents, c’est important pour moi ».

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