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Luttes

Expulsé de son arbre, Thomas Brail continue sa grève de la faim

Thomas Brail est en grève de la faim depuis 24 jours.

Expulsé de son arbre et brièvement placé en garde à vue, Thomas Brail annonce qu’il n’a pas l’intention de cesser sa grève de la faim. Il demande toujours l’arrêt des travaux et des abattages d’arbres sur le chantier de l’A69.

Expulsé de son arbre, dimanche 24 septembre à l’aube, par des dizaines de gendarmes mobiles, le grimpeur Thomas Brail n’en reste pas moins déterminé. Joint par Reporterre, il a déclaré vouloir continuer sa grève de la faim après, déjà, 24 jours sans manger. Il a, par contre, décidé de décaler la grève de la soif qu’il devait normalement débuter aujourd’hui en haut de son arbre, devant le ministère de l’Écologie. S’imposant trois jours de diète médiatique, il reprendra publiquement la parole jeudi prochain.

Le grimpeur, opposé au chantier de l’autoroute A69, se dit « extrêmement fatigué » avec des douleurs aux os et aux reins, mais il « garde sa main tendue » à Clément Beaune, ministre des Transports et à Carole Delga, la présidente de la région Occitanie.

« Suspendre temporairement le chantier, le temps d’une médiation et de l’examen des recours juridiques serait une bonne façon de sortir par le haut de cette affaire, affirme-t-il. Nous n’allons pas arrêter notre mobilisation. Au contraire. »

« Ce n’était pas pour me venir au secours »

Il regrette que le gouvernement ait envoyé les forces de l’ordre le déloger. « Ils n’ont pas respecté leur parole, peste-t-il. Surtout, ils ont menti sur les raisons de l’expulsion. Ce n’était évidemment pas pour me venir au secours mais bien parce que je les dérangeais. »

L’entourage de Clément Beaune avait déclaré à la presse dimanche que « la situation de grève de la faim prolongée, ainsi que l’annonce d’une grève de la soif imminente, faisait peser un danger majeur pour la santé et la vie même de M. Brail. Il était de notre responsabilité, comme de tous ceux qui l’entourent, de prêter assistance à une personne en danger, et de protéger sa vie. »

« Pourquoi m’ont-ils placé quatre heures en garde à vue s’ils se souciaient réellement de ma vie ? demande Thomas Brail. Ils ont pris des risques inconsidérés en m’expulsant. Ils nous ont mis en danger en nous sortant de nos tentes brusquement dans la nuit à douze mètres de hauteur. Pire je m’étais décroché [de mon baudrier] mais cela ne les a pas empêchés d’avancer et de m’arrêter. »

Son matériel, les tentes, les hamacs, les cordes, ont été saisis et abîmés. Thomas Brail et ses deux compagnons, placés eux aussi en garde à vue, sont convoqués mercredi prochain au commissariat pour « organisation de manifestations non déclarées ».

Quatorze grévistes de la faim

La grève de la faim contre l’A69 ne faiblit cependant pas. Ils sont désormais quatorze grévistes engagés dans ce bras de fer contre les autorités. Camille, une influenceuse écolo connue sous le pseudonyme de Girl Go Green les a rejoints. Tout au long de la semaine dernière, Thomas Brail a reçu en haut de son arbre de nombreuses personnalités comme l’actrice Mélanie Laurent, le mathématicien Cédric Villani ou la climatologue Valérie Masson-Delmotte.

« Le gouvernement pensait faire taire nos voix mais l’ensemble de la société civile continue de se lever », écrit le collectif La voie est libre dans un communiqué. Un appel à rassemblement circule pour soutenir les grévistes ce lundi 25 septembre à 17 h devant le Conseil régional d’Occitanie à Toulouse et à 19 h à Paris devant le ministère de l’Écologie.

L’objectif est aussi de dénoncer le double discours d’Emmanuel Macron qui devrait ce lundi après-midi annoncer publiquement son projet de planification écologique pour la France. « Cette planification est incompatible avec le maintien de chantiers écocides comme l’A69 », assure la Voie est libre.

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