Football : la Fifa condamnée pour greenwashing

Vancouver accueillera la prochaine Coupe du Monde en 2026. - Flickr/CC BY-NC-ND 2.0/Province of British Columbia
Vancouver accueillera la prochaine Coupe du Monde en 2026. - Flickr/CC BY-NC-ND 2.0/Province of British Columbia
La Fifa (Fédération internationale de football association) est condamnée pour écoblanchiment. La Fédération internationale de football était poursuivie par l’ONG Notre affaire à tous et cinq autres organisations européennes [1], qui s’étonnaient qu’elle puisse promouvoir la Coupe du monde 2022 au Qatar comme « une coupe du monde neutre en carbone ». Celles-ci viennent de faire reconnaître devant la Commission suisse pour la Loyauté (organisme chargé du contrôle de la publicité en Suisse) que cet argument de communication était erroné.
Les six associations s’appuyaient en particulier sur un rapport de l’ONG Carbon Market Watch. Celui-ci soutenait notamment que dans le calcul de ses émissions de CO2, la Fifa n’avait pas tenu compte du coût environnemental des « shuttle flights », ces centaines de vols quotidiens permettant aux supporters de relier leurs hôtels à Dubaï, Riyad ou encore au Koweït avec le Qatar, où se trouvaient les stades. La Fifa n’avait aussi comptabilisé qu’une partie minoritaire des émissions de CO2 générées par la construction des sept stades construits pour l’événement.
« Un signal très fort »
Dans une décision notifiée aux parties le 6 juin, l’organisme a écarté les objections formulées par la Fédération. L’instance a estimé sans détour que la Fifa « a parfois suscité l’impression erronée et fallacieuse » que la Coupe du monde 2022 au Qatar « aurait atteint la neutralité climatique ou la neutralité carbone avant et pendant le tournoi ». Une affirmation tronquée pour la Commission : la Fifa n’a pas apporté la preuve « de manière crédible de quelle manière toutes les émissions de CO2 générées par le tournoi pouvaient être compensées conformément aux standards suisses ».
Aussi, il est demandé à la Fédération de « renoncer à l’avenir aux allégations contestées, en particulier que la Coupe du monde de football organisée en 2022 au Qatar serait neutre pour le climat et en CO2 ». La décision peut encore faire l’objet d’un recours de la part de la Fifa. Les associations étudient également quelles suites pourraient être données à ce dossier devant d’autres juridictions.
« C’est un signal très fort qui est envoyé aux organisateurs de grandes compétitions internationales : il n’est plus possible de concevoir des événements climatiquement absurdes tout en prétendant être neutre en carbone, s’est félicité Jérémie Suissa, délégué général de Notre affaire à tous. Les prochaines compétitions devront impérativement être conçues de manière à intégrer sérieusement les enjeux climatiques. »