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Pesticides

Glyphosate dans les urines : 5 400 plaintes classées sans suite

Sur les tee-shirts, les Pisseurs involontaires de glyphosate affichent la concentration de l’herbicide présente dans leurs urines, en 2018.

5 400 Français avaient porté plainte pour mise en danger de la vie d’autrui à cause du glyphosate présent dans leurs urines. Le parquet de Paris les a toutes classées sans suite, en septembre dernier.

5 400 plaintes, toutes classées sans suite. « Ces décisions sont inacceptables », certifie le collectif Campagne glyphosate dans un communiqué du 15 octobre. « Ce n’est pas vraiment une surprise, ça ne nous décourage pas, précise Isabelle Georges, membre du collectif des Pisseurs involontaires de glyphosate. Nous savons que nous avons raison et qu’il faudra du temps pour faire reconnaître la toxicité du glyphosate. »

En septembre, le parquet de Paris a en effet classé sans suite ces 5 400 plaintes venues de toute la France depuis 2018, pour atteinte à l’environnement, mise en danger de la vie d’autrui et tromperie aggravée. En ligne de mire : le glyphosate.

Tous les plaignants ont fait analyser leurs urines pour savoir si elles contenaient des traces de l’herbicide utilisé aux quatre coins de la planète. Les résultats sont clairs : 99,8 % des personnes testées ont la molécule dans leurs urines, avec un taux moyen de 1,19 nanogramme par millilitre (ng/ml), soit douze fois la norme qui s’applique pour l’eau potable.

Cinq ans après le lancement de la Campagne glyphosate, une mobilisation citoyenne ayant permis de collecter et analyser l’urine de près de 7 000 personnes dans 84 départements français, le parquet de Paris a refusé de reconnaître le danger de cet herbicide.

« Les plaignants ne risquent pas de mort immédiate »

C’est bien sur ce point que s’appuie le pôle santé publique de Paris pour rejeter les plaintes. Il mentionne un avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), publié en juillet dernier, pour estimer que le glyphosate n’est pas cancérogène. Un avis qui ne fait pas l’unanimité, mais qui contribue, par ailleurs, à favoriser la réautorisation du glyphosate en Europe.

Le parquet parisien spécialisé dans le domaine de la santé a également rejeté la notion de mise en danger de la vie d’autrui, dans la mesure où « les plaignants ne risquent pas de mort immédiate ou une blessure de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente », selon un courrier adressé le 12 octobre aux participants de la Campagne glyphosate par les avocats de ce dossier. Ils soulignent pourtant qu’« aucune étude de toxicité sur le long terme n’a été effectuée ou retenue par l’Efsa sur les effets cocktails des formulations herbicides à base de glyphosate ».

« Il s’agit de plaintes contre X, cela signifie que c’est à la justice d’identifier l’ensemble de la chaîne de responsabilité », rétorque Isabelle Georges, des Pisseurs involontaires de glyphosate. Une charge lourde de conséquences tant le glyphosate est omniprésent dans le secteur agricole et agro-alimentaire. « On s’attendait à ce qu’on ne nous donne pas raison tout de suite, précise Isabelle Georges. C’est une course de fond avec des obstacles et des haies à franchir, mais nous sommes sportifs. »

Campagne glyphosate réfléchit à quelles suites donner à ce classement sans suite. Une assemblée générale le 2 décembre prochain décidera si le collectif saisit ou non le Doyen des juges d’instruction.

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