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En brefÉnergie

Guerre en Ukraine : la « dangereuse » stratégie française pour acquérir du gaz

La France se fournit notamment en GNL en Russie. Image d'illustration.

Il y a un an, bientôt jour pour jour, l’armée de Vladimir Poutine pénétrait sur le sol ukrainien et bouleversait l’échiquier géopolitique. Pour échapper à la dépendance russe, les dirigeants de l’Union européenne ont cherché de nouvelles sources d’approvisionnement énergétique. Ainsi, en douze mois, les importations de gaz russe par gazoduc se sont effondrées de 74 %.

Pour les compenser, les vingt-sept ont misé sur le gaz naturel liquéfié (GNL). La France est même devenue la plus grande importatrice de GNL américain à l’échelle mondiale. Or, selon les données de l’administration étasunienne, « environ 87 % du gaz produit aux États-Unis est du gaz de schiste ou étanche ». Il est donc extrait par fracturation hydraulique, une technique « interdite en France depuis 2011, en raison de ses impacts environnementaux et sanitaires considérables », précise une note des Amis de la Terre, dévoilée le 14 février.

Contre la dépendance russe, du gaz russe

Autre enseignement, pour le moins surprenant, la France se fournit aussi en GNL… en Russie. D’après les estimations du Center for Research on Energy and Clean Air, l’Hexagone y aurait acheté 3,7 milliards d’euros de GNL depuis le début de la guerre en Ukraine. « Un véritable non-sens, dénonce l’association écologiste, puisque la ruée vers le GNL était politiquement justifiée par la nécessité de se défaire de notre dépendance aux énergies fossiles russes. »

Cet appétit soudain pour le gaz naturel liquéfié s’est traduit par la multiplication de projets et contrats, s’étendant jusqu’aux vingt prochaines années. Une trentaine de terminaux d’importation de GNL sont notamment prévus à travers l’Europe, dont un projet de méthanier flottant au Havre pour lequel de nombreuses dérogations aux règles environnementales ont été accordées.

« À long terme, ces nouvelles infrastructures, leur coût, leur délai de rentabilisation et les contrats signés pour dix à vingt ans risquent de nous enfermer dans la consommation de gaz pour plusieurs décennies », dénoncent Les Amis de la Terre. Cette stratégie « dangereuse », visant à remplacer une dépendance par une autre, ne répond pas à l’urgence climatique et semble en totale contradiction avec les objectifs fixés par l’UE : réduire de 35 % sa consommation de gaz d’ici 2030.

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