Hollande « hostile » à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Valls veut envahir la Zad, Royal non

Durée de lecture : 3 minutes
Notre-Dame-des-LandesCacophonie au sommet de l’Etat : Valls veut envahir la Zad, Royal s’y oppose, Hollande dit être contre le projet d’aéroport.
Dans un livre intitulé Un président ne devrait pas dire ça... Les Secrets d’un quinquennat, qui parait mercredi 12 octobre, les deux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ont recueilli les confidences de François Hollande.
Le président de la République leur aurait notamment confié qu’à titre personnel, il est hostile à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et qu’il pense que ce projet « ne verra pas le jour ». Cependant, s’il dit que « Je ne suis pas pour le projet en tant que tel », il ajoute : « Il n’y a pas de raison de revenir sur ce choix. » Arrêter Notre-Dame-des-Landes, « ça voudrait dire que des groupes radicalisés peuvent, sur certains projets, aller à l’encontre de la volonté des élus. Ça donne un argument, à Sarkozy et à d’autres, sur le thème : “Vous voyez, où est l’autorité de l’État ?” »
Selon le livre, M. Hollande pense que, « avant la radicalité, c’était l’usine, qui ne devait pas fermer, un conflit lié au travail… Maintenant, c’est : on ne veut pas du progrès. » À ses yeux, « au Larzac, c’était contre l’armée, c’était populaire. Mais un aéroport, il y a de l’emploi, ce n’est pas populaire. »
François Hollande prévient à propos des zadistes : « Le problème, c’est qu’ils se sont installés dans la forêt, ce sera une guérilla pour les déloger, avec un risque de blessés, de morts… L’évacuation ne peut se faire qu’à certaines conditions. »
De son côté, Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement, a pris une position très critique sur le projet d’aéroport : le 1e octobre, lors de l’émission « On n’est pas couché », elle a rappelé qu’il faut régler « un certain nombre de contentieux », parmi lesquels la procédure engagée par l’Europe sur l’impact environnemental du chantier.
Déplorant « un déficit démocratique et de transparence sur les décisions prises », elle a déclaré : « Dès le départ, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été surdimensionné, sans doute pour des intérêts financiers ou parce qu’il fallait absolument justifier son déplacement. Jamais il n’y a eu une autorité médiatrice qui a dit : ’Comparons les deux projets, nouvel aéroport ou aménagement de la structure actuelle, et voyons ce qui se passe’. Cela ne sera plus possible car j’ai réformé la procédure de transparence sur les choix des grandes infrastructures. Désormais, des initiatives populaires pourront être prises pour soumettre à référendum local des grands projets d’infrastructures. Malheureusement pour Notre-Dame-des-Landes, cela n’a pas été le cas car il a fallu faire en catastrophe un référendum sans remettre à plat l’ensemble des dossiers, tout le monde était figé sur ses positions. »
Elle est intervenue de nouveau lundi 10 octobre, sur i-Télé, se déclarant défavorable « à l’évacuation par la violence de la Zad. Ça se passerait très mal et ça serait là aussi des violences et des affrontements tout à fait inutiles », avait-elle déclaré, évoquant un « déni de démocratie » dans le dossier.
Manuel Valls, premier ministre, lui a répondu mardi 11 octobre, ré-affirmant sa volonté d’envahir la Zad : l’expulsion est « pour cet automne », dit-il à Ouest-France. « Ça se fera. Il ne peut pas y avoir d’autre voie. »
« La DUP (déclaration d’utilité publique) dure jusqu’en janvier 2018, a-t-il poursuivi. Les grands travaux d’aménagement de l’aéroport, c’est à partir de 2018. Avant, il faut que les travaux de défrichement aient été lancés. Engager des travaux nécessite des moyens, des forces mobiles pour tenir ensuite le terrain et protéger Nantes et Rennes. Si ça ne se fait pas avant mars 2017, ça ne se fera jamais ».