Inflation : les aliments bio ont moins augmenté que les autres

Avec +3,5 %, le nombre de producteurs engagés en agriculture biologique continue de progresser en 2022. - © E.B / Reporterre
Avec +3,5 %, le nombre de producteurs engagés en agriculture biologique continue de progresser en 2022. - © E.B / Reporterre
Les Français ont acheté un peu moins de produits bio en 2022 : 6 % contre 6,4 % en 2021. C’est l’un des constats dressés par l’Agence bio qui présentait ce 1er juin son panorama du bio 2022. L’inflation a été cependant moins marquée que dans le conventionnel, atteignant 4 % quand les prix augmentaient de 6,7 % dans l’alimentaire en général.
Tous les commerces ont vu leur chiffre d’affaires sur le bio baisser : -8,6 % dans les magasins bio, -4,6 % dans la grande distribution, - 2,9 % chez les artisans. De nombreuses boulangeries et boucheries ne proposent désormais plus de bio. En revanche, le bio local de proximité vendu dans quelque 26 000 fermes du territoire est en croissance de 3,9 %, « la preuve qu’entre bio et local, les consommateurs choisissent... les deux », estime l’Agence.
« L’envie de bio est toujours là chez les agriculteurs »
Ce n’est pas l’offre qui manque. Avec +3,5 %, le nombre de producteurs engagés en agriculture biologique continue de progresser en 2022, même si c’est sur un rythme nettement inférieur à 2021 (+ 9 %). Même chose pour les surfaces bio qui représentent désormais 10,7 % des surfaces agricoles françaises. « L’envie de bio est toujours là chez les agriculteurs, mais la demande manque pour accueillir leur production », constate l’Agence bio.
Sur le papier, les débouchés ne manquent pas. 128 000 points de vente, 80 000 cantines, 170 000 restaurants... « Au total, près de 378 000 relais potentiels peuvent mettre un peu plus de bio chaque jour dans l’assiette afin d’accueillir la production des agriculteurs bio. » Reste à mobiliser ces acteurs. « Kebabs, étoilés, pizzerias, brasseries... Tous les chefs ont leur rôle à jouer pour mettre en valeur et faire connaître les produits des agricultrices et agriculteurs bio », considère Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio.
Ralentissement « historique » des conversions
La Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) réclame, pour sa part, que l’objectif de 20 % de bio dans la restauration hors domicile, prévu par la loi Égalim, soit respecté d’ici un an et qu’un budget pluriannuel de 10 millions d’euros soit débloqué pour que l’Agence bio puisse communiquer plus et sensibiliser le grand public. Elle s’inquiète, par ailleurs, du ralentissement « historique » des conversions — seulement 75 000 hectares agricoles de plus sous label AB en 2022. « Le gouvernement et tous les acteurs actifs dans le développement de l’agriculture biologique doivent réagir en urgence pour ne pas assister les bras croisés à l’enterrement de la transition agro-écologique de la France. »