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ReportagePolitique

Jadot candidat des écologistes : « Je serai le président du climat »

Avec 51,03 % des voix, l’eurodéputé Yannick Jadot a remporté la primaire écologiste devant l’économiste Sandrine Rousseau, mardi 28 septembre. À son QG, mardi soir, dans l’allégresse, il s’est posé comme rassembleur.

Pantin (Seine-Saint-Denis), reportage

Il a suffi d’un regard pour que l’on devine qu’il avait gagné. Après de longues minutes de suspens, c’est tout sourire que Yannick Jadot est apparu devant ses soutiens agglutinés dans la péniche Metaxu, à Pantin (Seine-Saint-Denis). Avec 51,03 % des suffrages, l’ancien directeur de campagne de Greenpeace a emporté la primaire écologiste face à l’écoféministe Sandrine Rousseau. Il sera donc, pour la deuxième fois, le candidat d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) pour la présidentielle.

« Yannick président, Yannick président ! » ont explosé les militants à l’arrivée de leur champion. « Je vous remercie infiniment, car c’est grâce à vous que je suis le candidat de l’écologie politique », a déclaré l’eurodéputé, l’œil légèrement humide, avant qu’une nuée de caméras et de micros ne s’abatte sur lui. « Heureux » et « soulagés », ses soutiens ont fêté la nouvelle en trinquant. « Avec ses trente ans d’engagement et son passé militant, Yannick Jadot est capable de mobiliser des millions d’électeurs », s’est réjoui Anthonin Minier, porte-parole national d’Écolo’J. « On a besoin d’écologistes au pouvoir maintenant, abondait l’ancienne députée écologiste Laurence Abeille. Il est le plus à même de rassembler et de faire le meilleur score à la présidentielle. »

Dans son discours de victoire au bar du Dock B, Yannick Jadot s’est félicité de ce scrutin : « Nous avons montré dans cette primaire qu’il était possible de donner à voir un autre monde. » © Anna Kurth/Reporterre

« Rassembler » la famille écologiste, voilà le défi qui attend Yannick Jadot pour les 200 jours de campagne à venir. La victoire a en effet été « serrée », reconnaissait un militant à l’annonce des résultats. Quelques minutes avant son premier discours en tant que candidat officiel à l’élection présidentielle, Yannick Jadot a retrouvé Sandrine Rousseau sur les quais du canal de l’Ourcq. Les deux anciens rivaux se sont brièvement enlacés sous les ovations du public. Une manière de mettre en scène l’union du clan écologiste, en dépit des légères divergences qui ont pu apparaître au cours des débats. Bons joueurs, les candidats malheureux ont tous salué sur Twitter la victoire de l’eurodéputé. Et répété leur envie de faire gagner, ensemble, l’écologie politique.

« Chacun va être respecté et participer à une campagne dynamique »

« On est tous d’accord sur le fond », insiste Mounir Satouri, coordinateur de campagne de Yannick Jadot. « Chacun des candidats a réussi à porter des thèmes forts. Ce sont ces multiples facettes qui feront la force de l’écologie, et qui nous permettront de parler au plus grand nombre », estime Matthieu Orphelin, député écologiste de Maine-et-Loire et soutien de longue date de Yannick Jadot. Certaines propositions défendues par d’anciens concurrents, comme l’impôt sur la fortune climatique ou la fin du présidentialisme, seront d’ailleurs reprises par l’eurodéputé. « L’égalité femmes-hommes défendue par Sandrine Rousseau sera bien évidemment au cœur de la campagne écologiste, poursuit Matthieu Orphelin. Chacun va être respecté et participer à une campagne dynamique. »

Sandrine Rousseau est venue brièvement saluer Yannick Jadot après l’annonce des résultats. Leur entrevue a duré quelques minutes devant la péniche où Yannick jadot avait pris ses quartiers, à Pantin. © Anna Kurth/Reporterre

Au bar voisin du Dock B, où s’est poursuivie la soirée électorale, l’ancien de Greenpeace a réitéré son désir de « rassembler les écologistes ». « Sandrine, Éric [Piolle], Delphine [Batho], merci ! » a-t-il clamé sous une vigoureuse salve d’applaudissements. Le ton conquérant, les yeux sur le prompteur, Yannick Jadot a détaillé pendant une quinzaine de minutes son plan pour « transformer l’espoir en victoire ». Celui qui souhaite devenir « le président du climat » s’est prononcé en faveur de la sortie de l’élevage industriel, de la fin aux subventions fossiles et de la mise en place d’un revenu citoyen dès 18 ans. « La campagne promet d’être dure, brutale, sale, a-t-il prévenu. Nous, écologistes, nous ne céderons pas à l’extrême droite le choix du terrain sur lequel se jouera l’élection. »

Pendant quelques semaines, la primaire a permis aux écologistes de placer les questions environnementales au cœur du débat médiatique. L’enjeu pour les équipes de Yannick Jadot est désormais de maintenir la flamme, et d’éviter que la campagne ne se fasse phagocyter par des « idées qui sentent le cadavre ». « On ne veut pas se laisser dicter le chemin de bataille », affirme Julien Bayou, secrétaire national d’EELV.

« Il nous faut être à la hauteur de l’enjeu, poursuit-il. Nous ne devons pas juste tenir, mais gagner. » Dans cette optique, le secrétaire national d’EELV ne tire pas un trait définitif sur la constitution d’une coalition de gauche. « Si il y a des projets différents, ce sera aux électeurs de trancher. Mais si les projets peuvent converger, cela serait irresponsable de ne pas organiser le rassemblement », estime-t-il. Rassembler les écologistes, rassembler la gauche... « La campagne commence », s’enthousiasme Yannick Jadot. Et avec elle les difficultés.

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