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En brefAgriculture

L’aide de l’État à l’agriculture privilégie l’usage des pesticides

Dans un rapport intitulé « Réduction des pesticides : pourquoi un tel échec ? » publié mardi 9 février, la fondation Nicolas Hulot et le Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic) s’intéressent aux financements publics pour l’agriculture et concluent à leur inefficacité pour accompagner une transition du secteur.

Le constat est clair : la France, l’un des principaux pays utilisateurs de pesticides en Europe, avait annoncé vouloir réduire l’usage de pesticides de 50 % à l’horizon 2025. Pourtant, le recours à ces produits a selon le rapport augmenté de 25 % ces dix dernières années. L’étude, menée durant un an, montre que sur les 23,2 milliards d’euros de financements publics, « seul 1 % de ces financements a des effets avérés sur la réduction de l’utilisation de pesticides ». Pire, ces financements bénéficient principalement aux exploitations agricoles les plus utilisatrices de pesticides. Ainsi, à titre d’exemple, les exploitations les plus utilisatrices de pesticides bénéficient de 2,7 fois plus de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et 2,6 fois plus d’allègement de cotisations sociales que la moyenne des exploitations.

L’autre enseignement de ce rapport, c’est une « dualisation » de l’agriculture française. 55 % de l’augmentation de l’utilisation de pesticides ces dix dernières années sont à imputer à seulement 9 % des exploitations françaises. À l’inverse, les exploitations agricoles les moins utilisatrices tendent à en utiliser de moins en moins.

La conclusion de ce rapport est sans équivoque : « Depuis 2008, la France a donné au monde agricole de grands objectifs à atteindre sans lui en donner les moyens. »

Pour Nicolas Hulot, qui a détaillé ce dossier en conférence de presse, « ces politiques publiques sont inefficaces et sont à l’origine d’un cycle de défiance entre citoyens et politiques, dit-il. On attend le terme pour se rendre compte que l’objectif n’a pas été atteint, au lieu d’évaluer ces politiques publiques au fil de l’eau ».

  • Source : Reporterre
  • Photo : Pixabay (CC0)

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