L’édito politique des lecteurs : de Hamon « l’apparatchik » à Macron « l’arriviste »

L’actualité de la campagne pour l’élection présidentielle ne vous laisse pas indifférent-e-s : le virage « vert » de Benoît Hamon et le ralliement de Corinne Lepage à Emmanuel Macron génèrent coups de gueule, enthousiasmes et incompréhensions. Merci de nous lire et de réagir !
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« Pour moi ce sera M. Jadot au premier tour »

Benoît Hamon est un apparatchik du PS depuis trente ans, comme d’autres. Je ne l’ai jamais vu dans aucun combat écolo pendant toutes ces années. Il s’est déclaré favorable à l’arme nucléaire. Dans son discours [du 29 janvier 2017], il a rendu hommage au désastre éthique que fut François Mitterrand, ami de René Bousquet, chef de la police nazie sous Vichy — ce même M. Bousquet présent au congrès d’Épinay de 1971 ! Hamon a utilisé intelligemment l’écologie pour se faire élire ! Et il n’est pas clair sur la laïcité.
Yannick Jadot, le candidat de l’écologie, combat depuis vingt-cinq ans ! J’aurais préféré Arnaud Montebourg, qui a travaillé comme avocat et a défendu les industries, mais pour moi ce sera M. Jadot au premier tour.
Élisabeth Roulet, écologiste depuis quarante ans et cofondatrice du réseau Sortir du nucléaire, 30 janvier 2017
« Benoît Hamon est peut-être devenu écolo, mais quid du PS ? »

Pour info, au journal de France Culture de 12 h 30 [du 30 janvier 2017], Pascal Cherki [député (PS) de Paris], soutien actif de Benoît Hamon, a été plus que méprisant envers les écolos et Yannick Jadot. Les vieux démons n’ont décidément pas encore quitté un certain nombre, même de la « gôche » du PS.
Peut-être Benoît Hamon est-il réellement devenu écolo, mais quid du (restant) PS ? Chat échaudé craint l’eau froide, et avec ceux-là, on risque encore de se prendre une douche glacée. Votre avis ?
Nota bene : Je suis allé voter pour Benoît Hamon à ce deuxième tour… Erreur ?
Michel Collobert, 30 janvier 2017
« Jean-Luc Mélenchon, le seul candidat qui soit en position d’inquiéter les oligarques »

Concernant l’édito consacré à Benoît Hamon par Hervé Kempf, pour qui j’ai un grand respect par ailleurs : trop, c’est trop !
Voir l’auteur de Comment les riches détruisent la planète encenser cet écologiste de la vingt-cinquième heure est largement décevant ! Comment penser que ce frondeur d’opérette puisse être de taille à affronter les chantiers qui nous attendent, alors qu’il s’est contenté de balancer quelques pétards mouillés quand il était au gouvernement ? Dans le genre « Mon ennemi, c’est la finance », on a déjà donné, non ? Cette candidature ne sert à rien, sinon à faire perdre le seul candidat qui soit en position d’inquiéter les oligarques — Jean-Luc Mélenchon.
Si l’objectif de M. Hamon est bien de refonder les institutions de la Ve République, on comprend mal pourquoi il n’a pas encore rejoint La France insoumise. À quoi rime tout ça ? A-t-on vraiment du temps à perdre avec ce genre de pitreries ? Moi non, en tout cas.
Michel Benquet, 28 janvier 2017
« M. Macron, nec plus ultra du néolibéralisme »
Je viens de lire l’article sur Benoît Hamon, qui reste sur le côté positif de ses promesses et ses déclarations de bonnes intentions. Je crois qu’il y a ce qu’on dit en campagne et ce qu’on fait quand on est en responsabilité… Je me souviens au vol qu’il a voté en faveur de la poursuite de la « présence militaire » (= guerre) en Irak et en Syrie et de l’état d’urgence, et contre l’allongement du délai de prescription pour les affaires d’agressions sexuelles. Il a aussi refusé la motion de censure contre la loi Travail parce qu’elle était « de droite », incroyable non-sens…
Ces exemples m’ont échaudé. Je pense que les déclarations positives ne sont malheureusement que des promesses, et qu’il faudrait peut-être compiler les réelles actions des candidats au moment où ils étaient en responsabilité. J’interviens ici sur M. Hamon, mais cela vaut bien sûr pour tous. Je sais bien que vous vous concentrez sur l’écologie, mais un élargissement sur l’état d’urgence et la loi Travail permettent de cerner aussi leurs orientations.
Quant à la tribune de Corinne Lepage sur son ralliement à Emmanuel Macron… Les bras m’en tombent. Aucun argument écologique, juste de la politique politicienne, battre Marine Le Pen et François Fillon, et l’espoir qu’il verdirait peut-être son discours un jour (en « pesant » assez).

M. Macron représente le nec plus ultra de tout ce que le néolibéralisme peut produire de plus dur, avec les conséquences environnementales qu’on sait. Tout, dans son discours et surtout ses actes, montre quel projet il sert : les bus, la mort du train, le diesel, le nucléaire, Notre-Dame-des-Landes, les délocalisations…
Il est donc extrêmement choquant de voir là une déclaration d’intention purement basée sur un calcul politicien, publiée qui plus est sans aucun commentaire critique. Si les propos des tribunes mises en ligne sur votre site ne reflètent pas nécessairement le point de vue de la rédaction, le fait de les publier relève d’une décision éditoriale. Je m’interroge sur cette décision dans le cas de M. Macron, qui est un adversaire évident de l’écologie politique et qui a déjà pignon sur rue dans de nombreux médias. Était-ce la peine d’ajouter à sa visibilité médiatique à Reporterre ?
Merci quand même pour votre travail !
Amicalement,
David Porco, 28 janvier 2017
« Macron, l’apologie d’un arriviste »
Je suis choqué par la tribune « Corinne Lepage : voici pourquoi je soutiens Emmanuel Macron ». Faire l’apologie d’un arriviste sans réel programme, lobbyiste, fervent admirateur du modèle américain et de la croissance n’est pas un comportement que l’on retrouve habituellement sur Reporterre.
On peut lire sur Wikipédia, qui n’est pas le plus virulent des sites web, qu’en 2012 Emmanuel Macron a été « nommé gérant à la banque Rothschild & Cie et a dirigé l’une des plus grosses négociations de l’année, le rachat par Nestlé d’une filiale de Pfizer. Cette transaction, évaluée à plus de neuf milliards d’euros, lui permet de devenir millionnaire ». J’imagine que vous êtes au courant que Nestlé est synonyme de privatisation de l’eau, de déforestation, d’huile de palme, de techniques de marketing ultra-agressives, de lobbying, etc.
Dans son CV, on peut aussi ajouter trading haute fréquence, démagogie, copinage avec les grosses industries, appels aux « jeunes à avoir envie de devenir milliardaires », affirmations selon lesquelles « les Britanniques ont eu la chance d’avoir Margaret Thatcher » et « la France est en manque d’un roi ».
Sinon, bravo pour les autres articles qui sont très intéressants.
Guillaume Debuf, 26 janvier 2017