Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Culture

L’honneur du boxeur contre Macron le voyou

Dans un livre émouvant mais politique, Antoine Peillon s’attache à la figure d’un héros des Gilets jaunes, Christophe Dettinger. Une figure honorable, qui dessine a contrario la vilenie d’Emmanuel Macron.

De l’extraordinaire mouvement des Gilets jaunes, une myriade d’images, de figures, de scènes, d’émotions et de douleurs émergent. Le journaliste Antoine Peillon a choisi de s’attacher à l’une des plus attachantes, celle de Christophe Dettinger. Tout le monde se souvient de l’histoire : en janvier, lors d’une manifestation à Paris, un homme avait surgi, enjambant une balustrade, et repoussant de ses poings des gendarmes surarmés.



L’affaire avait soulevé des réactions opposées. Du côté du pouvoir, une réaction indignée, de l’autre, un contentement secret qui avait nourri une cagnotte de soutien — que le pouvoir s’est empressé de faire fermer, tant elle avait de succès.

Le journaliste Antoine Peillon revient sur l’affaire, en s’attachant d’abord à l’homme, Christophe Dettinger, ex-champion de boxe (champion de France des lourds-légers en 2007), et aujourd’hui paisible père de famille et fonctionnaire municipal. Rien d’un voyou ou d’un excité. Un homme qui, il s’en expliquait en vidéo, est « un Gilet jaune. J’ai la colère du peuple qui est en moi. Je vois tous ces présidents, tous ces ministres, je vois tout l’État se gaver, se pomper. Ils ne sont même pas capables de montrer l’exemple. Ils ne montrent pas l’exemple. » L’expression même du « sens moral » qu’a bien analysé Samuel Hayat à propos du mouvement des Gilets jaunes : une revendication plus morale que politique. On demande que ceux d’en haut se tiennent bien, et agissent équitablement. Mais l’« économie morale » est rompue, les riches se tiennent mal, ils volent et pillent, ils méprisent ceux d’en bas, et la révolte est légitime.



Antoine Peillon a été à la rencontre du boxeur citoyen et de sa famille, il démonte une à une les injures et mensonges par lesquels les laquais du pouvoir ont voulu salir Dettinger. S’adressant à lui, il explique les ressorts de la haine des puissants : "Ce que l’État français, la police et la justice subordonnées à l’exécutif ne supportent pas, ne peuvent tolérer, c’est que vous ayez réussi, le 5 janvier, à faire reculer, seul, non masqué et non armé, les “forces de l’ordre” sur une bonne dizaine de mètres ! David des Gilets jaunes, vous avez vaincu et humilié le Goliath de Macron-Philippe-Castaner."

En regard du sens de l’honneur de Christophe Dettinger, l’auteur retrace une sorte d’inventaire des vilenies d’Emmanuel Macron — qui a d’ailleurs parlé avec mépris du "gitan" qui serait incapable de trouver ses propres mots. On y apprend peu de neuf, mais ce regroupement d’informations est utile, sur l’usage sans frein des violences policières, la mise au pas de la justice, les innombrables marques du mépris qu’exprime M. Macron et sa caste à l’endroit des "gens de rien", les menaces sur la liberté de la presse — tout cela constitue "le fond indéniablement totalitaire de la politique d’Emmanuel Macron et de ses serviteurs".

Charles X, roi ultraconservateur (1824-830), un modèle de Macron ?

Antoine Peillon rapporte « un épisode peu connu du début » du règne de celui qui prétend qu’il y a « dans la politique française un absent, la figure du roi » : en avril 2018, Emmanuel Macron s’était rendu à la basilique Saint-Denis, l’église des rois de France, s’attardant sur les statues de tel et tel roi. L’épisode vaut au lecteur une méditation inattendue sur Charles X (le roi ultra-conservateur de la Restauration, balayée par la révolution de 1830), sur les Templiers et sur les Rois maudits...

Le livre finit sur une note d’espoir, en citant une figure éminente de l’écologie, le géographe et anarchiste Élisée Reclus : « Nos ennemis savent qu’ils poursuivent une œuvre funeste et nous savons que la nôtre est bonne ; ils se détestent et nous nous entr’aimons ; ils cherchent à faire rebrousser l’histoire et nous marchons avec elle. » Honneur aux Gilets jaunes, honte au pseudo-roi.


Alors que les alertes sur le front de l’environnement se multiplient, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les dernières semaines de 2023 comporteront des avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela.

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre ne dispose pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

Abonnez-vous à la lettre d’info de Reporterre
Fermer Précedent Suivant

legende