L214 publie des images choc sur la pêche industrielle

Images filmées par l’association allemande Soko Tierschutz, à bord de chalutiers français et britanniques pêchant dans la mer de la Manche. - L214 - Éthique & Animaux/CC
Images filmées par l’association allemande Soko Tierschutz, à bord de chalutiers français et britanniques pêchant dans la mer de la Manche. - L214 - Éthique & Animaux/CC
Des poissons piétinés, asphyxiés, mutilés. L’association L214 a publié une série d’images mercredi 23 février sur le chalutage de fond, « l’une des pires techniques de pêche ». Des militants de l’association allemande Soko Tierschutz sont parvenus à filmer un chalutier anglais et un français pendant leurs sorties en mer.
Pour le bateau français, en cinq jours, « plus de 10 tonnes de poissons commercialisables ont été ramenées au port, mais un nombre encore plus grand ont été pêchés et rejetés à la mer ». Plie, sole, requin-chat, bar, mulet, baudroie, raie, roussette, aiguillat, calmar, grondin, congre, crabe, araignée de mer, ont été remontés dans les imposants filets. Les images publiées par L214 montrent « les longues agonies des poissons et autres animaux marins », ainsi que de mauvais traitements : ceux « qui ne sont pas rejetés à la mer ne sont pas étourdis, mais découpés vivants et conscients ». Des pratiques que nous n’accepterions sûrement pas pour des élevages terrestres.
L214 a également interrogé Lynne Sneddon, chercheuse suédoise spécialiste de la sensibilité des poissons. « Les poissons sont sensibles, ils sont capables d’établir des relations au sein de chaque espèce [...] et entre les espèces, a-t-elle expliqué. Ils sont également capables d’éprouver des émotions négatives telles que la douleur, la peur et le stress, et sont très affectés par ces situations, comme le seraient les humains. Mais ils recherchent également des expériences agréables. »

« C’est comme prendre une charrue géante et détruire un environnement »
Malgré le consensus scientifique concernant la sensibilité des poissons, la réglementation concernant leur bien-être est minimale, et totalement ignorée, selon L214 : « Pratiquement aucune mesure n’a été prise pour poser des limites aux souffrances infligées aux vertébrés de la mer de la même manière que pour les vertébrés terrestres », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Le chalutage profond détruit également les fonds marins. « C’est comme prendre une charrue géante et détruire un environnement, a précisé Mme Sneddon, interrogée par L214. Tout un écosystème est détruit par ce type de chalutage. »
En Europe, la pêche en eaux profondes est strictement encadrée depuis 2017, interdite au-delà de 800 mètres de profondeur, et ce grâce à la mobilisation d’associations écolos comme Bloom. Ce qui n’empêche pas certains navires industriels de poursuivre cette pratique destructrice.

Sébastien Arsac, cofondateur de l’association L214, « demande aux candidats à l’élection présidentielle de s’engager à organiser la fin de la pêche industrielle, de la pêche au chalut de fond et de la pisciculture intensive sous dix ans. En parallèle, il est urgent de démocratiser l’alimentation végétale et favoriser le développement des alternatives et la végétalisation d’ampleur de l’alimentation, avec une réduction de moitié en cinq ans de la consommation de viande, de poisson, d’œufs et de produits laitiers ».
Cette publication de L214 s’inscrit dans une série d’enquêtes en amont du Salon de l’agriculture, qui s’ouvre samedi 26 février.