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Énergie

La Méditerranée, le prochain front de l’éolien en mer ?

L’implantation de deux grands parcs d’éoliennes flottantes en mer Méditerranée est soumise au débat public du 12 juillet au 31 octobre 2021. Les objectifs étatiques de transition énergétique seront mis en perspective par les conséquences environnementales et territoriales et la faisabilité technique de ce mégaprojet électrique.

Faut-il installer deux grands parcs d’éoliennes flottantes en mer Méditerranée ? Et si oui, où et comment ? Telles sont les questions posées par le débat public qui s’ouvre lundi 12 juillet. Le gouvernement met sur la table son projet d’éolien en mer d’une puissance de 1,5 gigawatt (GW) sur la façade méditerranéenne, soit environ celle d’un réacteur nucléaire. L’ampleur du projet lui impose de saisir la Commission nationale du débat public.

« C’est d’abord une question d’opportunité du projet, souligne en conférence de presse Étienne Ballan, président de la commission particulière de ce débat, même si in fine la décision reviendra à l’État. » L’État qui ne cache pas son souhait de voir le projet aboutir pour atteindre l’objectif de 5-6 GW d’éolien en mer d’ici 2030 dans le cadre de la politique énergétique pour une neutralité carbone en 2050.

Sans attendre les fermes pilotes

Une urgence énergétique qui justifie apparemment de ne pas attendre la mise en route des trois fermes pilotes prévues en Méditerranée pour tester la technologie des éoliennes flottantes. Interrogée par Reporterre sur ce décalage, Sophie Mourlon, directrice de l’énergie au ministère de la Transition énergétique, reconnaît en effet que ces fermes ne seront pas encore en fonctionnement en 2022 au moment de la décision de lancer un appel d’offres, mais explique « qu’elles auront un temps d’avance sur les phases d’études et d’exploitation ».

Projet d’éoliennes flottantes en Méditerranée et leur raccordement, Atlas cartographique, juin 2021

Beaucoup de questions techniques se posent encore pour ces éoliennes flottantes : à la différence des éoliennes au large ancrées dans le fond marin déjà mises en service sur le front atlantique, les structures flottantes font appel à une technologie nouvelle et leur installation est inédite. Autre inconnue, les conditions du raccordement au réseau électrique de ces éoliennes installées à plus de 20 km des côtes. À noter aussi la différence d’échelle entre les deux étapes. Si les fermes pilotes concernent au total neuf éoliennes de 150 mètres de haut environ, c’est une centaine de mâts de 250 mètres chacun qui sont en jeu avec les futurs parcs commerciaux.

Outre les questions énergétiques et technologiques, l’environnement sera un des grands thèmes débattus. En jeu, réussir à évaluer les conséquences d’un tel projet sur un milieu déjà très abimé par les activités humaines. Les conflits d’usages avec les pêcheurs et les plaisanciers viendront aussi nourrir les débats organisés en ligne et dans les principales villes concernées.

L’exercice doit enfin contribuer à identifier les zones d’implantation des parcs. Pour l’instant, le champ des possibles s’étale sur 3 000 km2 de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Mais à terme, deux lieux seront désignés, implicitement un au large de l’Occitanie l’autre de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Les deux régions entendent bien bénéficier de cette nouvelle filière industrielle. Encore un sujet à débattre pour des acteurs locaux à qui il n’a pas échappé que l’éolien en mer en France est dominé par des consortiums majoritairement étrangers. Comme à Saint-Brieuc, où la filière est tenue à 100 % par l’espagnol Iberdrola.

À l’issue du débat, le 31 octobre, l’État et Réseau de transport d’électricité (RTE), qui est également maitre d’œuvre, auront trois mois pour prendre leur décision.

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