La présidentielle oublie le climat ? Ils marquent en rouge le Louvre

Les activistes des Amis de la Terre France et d’Action non violente COP 21 ont choisi le Louvre, « lieu emblématique et symbolique » de Paris pour alerter sur l’urgence climatique. - © Justine Guitton-Boussion / Reporterre
Les activistes des Amis de la Terre France et d’Action non violente COP 21 ont choisi le Louvre, « lieu emblématique et symbolique » de Paris pour alerter sur l’urgence climatique. - © Justine Guitton-Boussion / Reporterre
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Climat PrésidentielleUne quarantaine de militants ont mené une action devant le musée parisien, le 28 février, pour alerter sur l’urgence climatique et les mesures à mettre en place. Les activistes exigent que les candidats à l’élection présidentielle se saisissent enfin de cet enjeu.
Paris, reportage
Il n’est que 8 h 30 ce lundi 28 février, mais quelques visiteurs matinaux patientent déjà devant le musée du Louvre, à Paris. Ils se frottent les mains pour tenter de se réchauffer, quand une quarantaine de personnes déferlent soudain sur le parvis. Elles courent, se dispersent puis forment une ronde. Au milieu du cercle, bombe de peinture à la main, quelques activistes se hâtent pour inscrire sur le sol un dessin de main rouge, et un slogan : « Climat, le plan A ».
Derrière cette mise en scène, on retrouve l’association Les Amis de la Terre France et le mouvement de désobéissance civile Action non violente COP 21 (ANV-COP 21). « On est là aujourd’hui pour rappeler qu’il faut prendre des mesures d’urgence pour engager une transition écologique et juste », crie dans un mégaphone Gabriel Mazzolini, chargé de mobilisation pour les Amis de la Terre, sous le regard interloqué des touristes.

Les militants ont choisi le 28 février, date de sortie du nouveau rapport du groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), pour alerter sur l’urgence climatique. « La principale conclusion de ce rapport est choquante et terrifiante : les impacts du dérèglement climatique se manifestent plus tôt et provoquent des dégâts plus sévères que ce qu’avaient prédit jusque-là les scientifiques », déclare au micro Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre.
« On a besoin d’un gouvernement et d’un Parlement qui se battent pour le climat et la justice sociale »
Tout le monde n’est pas égal face à la catastrophe. Le Giec l’affirme : environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent actuellement dans des conditions de forte vulnérabilité au changement climatique. « On a besoin d’un gouvernement et d’un Parlement qui se battent pour le climat et la justice sociale », poursuit Lorette Philippot.

Ce ne fut pas le cas pendant les cinq années du mandat d’Emmanuel Macron : l’État a même été reconnu coupable d’inaction climatique par le tribunal administratif de Paris, puis condamné par le Conseil d’État pour son inaction contre la pollution de l’air. « C’est pour ça que les élections à venir sont capitales », estime Lorette Philippot.
Recentrer les débats sur le climat
Emma Tosini, porte-parole d’ANV-COP21, attrape le micro : « Depuis des mois, le climat est absent des débats. Ces dernières semaines [il] représentait moins de 3 % du temps médiatique dédié à l’élection présidentielle », déplore-t-elle. Même discours du côté de Jérôme Guilet, astrophysicien et membre du collectif Scientifiques en rébellion : « Il y a quelques semaines, 1 400 scientifiques ont alerté pour que le changement climatique soit réellement au cœur des débats de la campagne présidentielle. Depuis, malgré tout, rien n’a changé », dénonce-t-il.

Des solutions à l’urgence climatique existent pourtant et devraient être portées, assurent les militants. Les Amis de la Terre, ANV-COP21 et le mouvement Alternatiba ont lancé en février une plateforme baptisée « Le Plan A — parce qu’il n’y a pas de planète B ». Ils y ont mis en avant des mesures qu’ils veulent voir décidées : la création d’une sécurité sociale alimentaire, de deux millions d’emplois « verts », la mise en œuvre d’un grand plan de rénovation thermique des bâtiments, ou encore une taxation des revenus du capital. Des propositions ambitieuses, mais encore absentes de la plupart des programmes des candidats.