Le Brésil tourne le dos aux grands barrages hydroélectriques
Ce n’est pas une nouvelle annoncée tambour battant par le gouvernement de Michel Temer, mais plutôt un discours prudent distillé par Paulo Pedrosa, le numéro deux du ministère brésilien des Mines et de l’Énergie, dans les colonnes d’O Globo, rapporte Courrier international le 5 janvier. En somme, ce discours ministériel indique que « l’ère des grands ouvrages hydroélectriques touche à sa fin », a titré le quotidien de Rio de Janeiro. À la fois pour des raisons d’impopularité grandissante de ces barrages et pour des impératifs économiques.
Les ressources hydriques, qui fournissent au pays 70 % de son électricité, se situent principalement dans la région amazonienne du nord du Brésil, où les grands projets de barrages hydroélectriques menés par le gouvernement ont rencontré de fortes résistances locales et internationales. L’exemple le plus médiatisé est celui du barrage de Belo Monte, dans l’État du Pará, inauguré en 2016 par la présidente de l’époque, Dilma Rousseff. La mobilisation des organisations environnementales et des communautés indiennes contre le projet a néanmoins freiné l’extension du barrage, actuellement bloquée par une décision de justice. En 2017, le gouvernement avait déjà annoncé qu’il cesserait de se battre pour mener à bien un nouveau barrage sur le fleuve Tapajós, dans le même État du Pará, un projet suspendu en 2016 par une décision de l’agence brésilienne pour l’environnement, Ibama.
Le surcoût considérable des mégabarrages, assumé jusqu’à présent par les deniers publics, et la privatisation — imminente — de l’opérateur de ces grands travaux, Eletrobras, pèsent néanmoins autant que la mobilisation citoyenne dans la décision du gouvernement de freiner cette politique et de se tourner davantage vers les énergies éolienne et solaire, explique O Globo.
- Source : Courrier international