Le moustique tigre et le chikungunya s’adaptent à nos latitudes

Une femelle moustique tigre gorgée de sang. - Domaine public / James Gathany / Centers for Disease Control and Prevention's Public Health Image Library (PHIL)
Une femelle moustique tigre gorgée de sang. - Domaine public / James Gathany / Centers for Disease Control and Prevention's Public Health Image Library (PHIL)
Le moustique tigre s’adapte très bien aux pays tempérés. Le virus du chikungunya aussi. C’est ce qu’a montré une récente étude publiée dans la revue Journal of Travel Medicine par des chercheurs de l’Institut Pasteur et d’Université Paris Cité.
Le moustique tigre, autrement baptisé Aedes albopictus, est l’un des principaux vecteurs du virus du chikungunya, qu’il transmet aux humains qu’il pique, originellement dans les pays tropicaux où la température moyenne est de 28 °C. Or, depuis son arrivée en Europe continentale, ce moustique est confronté à des températures moyennes de 20 °C, ce qui modifie profondément l’expression de ses gènes et de son microbiome bactérien, ont observé les scientifiques. Cela modifie notamment la présence de certaines bactéries, dont une qui inhibe la réplication du virus et une autre qui favorise son développement dans le tube digestif du moustique.
Présent dans 28 pays d’Europe
Mais le virus s’est lui-même adapté : notre climat tempéré a également modifié l’expression de ses gènes, induisant des transformations moléculaires. Résultat : le moustique tigre est in fine capable de transmettre le virus du chikungunya avec la même efficacité à 20 °C qu’à 28 °C.
Le chikungunya devrait donc continuer de se répandre sous nos latitudes et pourrait devenir un problème de santé publique dans de nombreux pays européens, alertent ainsi les chercheurs. Le moustique tigre est déjà présent dans 28 pays d’Europe, dont la France depuis 2004, profitant de la multiplication des voyages internationaux et du changement climatique pour gagner du terrain. Sa présence est avérée sur 4/5ᵉ du territoire métropolitain et des cas autochtones de chikungunya sont documentés depuis 2010 en France.