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ÉditoLibertés

Le mouvement de la bonne humeur

« Les matraques et les gardes à vue n’auront pas raison de la vie et de la jeunesse. Car elles défendent le passé, et nous défendons l’avenir. »

Une surprise, une bonne surprise, une très bonne surprise ! Dimanche midi 29 novembre, il y avait plein de monde pour former une chaîne humaine, entre République et Nation, à Paris. Colorés, heureux d’être là, d’être si nombreux, souriant, parlant, bienveillants, patients.

Heureux, souriants, bienveillants. Mais surtout posant un acte fort, pour signifier que ni les kalachnikovs ni les lois répressives ne doivent empêcher de dire à la face du monde ce qui domine notre destin proche : la cause écologique, la gravité du moment, le péril climatique.

Une manifestation, qu’on espérait immense, était prévue et préparée de longue date pour porter l’attention publique sur le changement climatique, montrer par la voix de centaines de milliers de personnes que la question ne pouvait rester entre les seules mains des gouvernements. Les attentats du 13 novembre et l’état d’urgence en ont décidé autrement. Dans l’urgence, une chaîne humaine s’est réorganisée dans la semaine. Et des milliers de personnes sont venues.

Je retiens ce moment d’amitié, dans un Paris lumineux, cette réunion inquiète qui s’est transformée, pour une heure, en l’affirmation joyeuse que le monde peut être autrement.

C’est le paradoxe que portent celles et ceux qui se retrouvent dans ce que désigne aujourd’hui l’écologie : ils sont sans doute les témoins les plus pessimistes de l’époque, parce qu’ils mesurent plus que la majorité le péril angoissant que recèle la destruction toujours frénétique du monde ; et pourtant ils sont les plus joyeux, les plus libres, parce qu’ils savent que ce destin mauvais, le monde peut l’éviter par un changement des esprits, par une mutation des pratiques, par une transformation de la société.

Voyez cette chaine humaine : des couleurs, des clowns, des masques, des jeux de mots, des plaisanteries, des gestes d’amitié ! Eh oui, la bonne humeur : voilà la meilleure arme contre les forces ténébreuses qui, dans l’âme d’individus perdus, les conduisent à la haine et à la barbarie ; la meilleure arme contre les desseins autoritaires d’un système néo-libéral fissuré de partout. L’arme de la bonne humeur, de la confiance, de l’optimisme.

Alors que s’ouvre au Bourget une conférence internationale sur le climat décisive quoiqu’incertaine, alors que les élections régionales s’annoncent comme une nouvelle montée des idées sécuritaires et de repli sur soi, il est vital d’affirmer que l’espoir est justifié, que l’alternative est possible, que le rire peut éclairer les jours sombres. De l’affirmer, et de savoir que ce doit être porté dans la lutte : contre les idées noires, et contre des pouvoirs toujours plus hostiles à l’alternative, qui est la seule force qui les menace vraiment. En témoigne la brutalité imbécile encore déployée dimanche par un gouvernement sourd aux citoyens. Mais les matraques et les gardes à vue n’auront pas raison de la vie et de la jeunesse. Car elles défendent le passé, et nous défendons l’avenir.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois d’octobre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

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