Le plastique utilisé pour les fécondations in vitro, dangereux pour les bébés ?

Une fécondation in vitro réalisée dans des boîtes en plastique pourrait être plus risquée pour le bébé qu'avec des boîtes en verre. - Pixabay / DrKontogianniIVF
Une fécondation in vitro réalisée dans des boîtes en plastique pourrait être plus risquée pour le bébé qu'avec des boîtes en verre. - Pixabay / DrKontogianniIVF
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Santé SciencesLes techniques de fécondation in vitro sont sous surveillance à cause des surrisques de maladies chez les enfants à naître. Le plastique utilisé en laboratoire pourrait être en cause, selon une nouvelle étude.
En France, près de 3 % des enfants naissent par fécondation in vitro (FIV) [1]. Une proportion qui croit de manière linéaire depuis trente ans.
Mais depuis une dizaine d’années, les épidémiologistes constatent que ces enfants ont un risque plus élevé de maladies. « Les risques d’anomalies graves, très rares heureusement, doublent, passant de 1 à 2 %. Les enfants ont aussi plus de chance d’avoir un poids de naissance inférieur à la population générale, un surrisque de 2,6 % », explique Jean-Philippe Wolf, médecin biologiste de la reproduction à l’hôpital Cochin, à Paris.
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Dans la brochure d’information grand public de l’agence de biomédecine, d’autres risques sont pointés, comme la naissance prématurée ou le taux d’admission en réanimation.
Quant aux causes de ce phénomène, elles restent largement méconnues. Une certitude, elles sont multiples. Les premiers suspects sont la stimulation hormonale des futures mères, l’infertilité des parents ou encore les techniques de laboratoire.
Une « anomalie de l’expression des gènes » chez les souris
Concernant ces dernières, des questions émergent sur la qualité du milieu de culture ou les effets de la congélation des ovocytes. Une nouvelle étude, parue en mai 2023 dans The Lancet apporte un nouvel éclairage sur les impacts du matériel en plastique utilisé pour les opérations in vitro.
« Nos résultats montrent une anomalie de l’expression des gènes placentaires [2] chez des souris lorsqu’on utilise des boites en plastique pour la FIV », dit Jean-Philippe Wolf, co-auteur de l’étude. Pour analyser l’effet du plastique, les chercheurs ont étudié trois groupes de souris : un groupe avec une FIV fait dans du matériel en plastique, un autre avec du matériel en verre et un dernier avec une fécondation naturelle. Seules les cellules placentaires des souris exposées au plastique ont présenté une modification de l’expression des gènes — augmentée ou diminuée — sur différentes fonctions, telle que l’inflammation, le stress et la détoxification.
Composition inconnue
« Nos résultats suggèrent que le plastique pourrait être une cause des troubles des naissances par FIV, conclut Jean-Philippe Wolf, qui ajoute, plus rassurant : En revanche, aucun effet n’a été détecté sur les cerveaux des embryons. »
Confortés par les résultats de cette étude financée par l’agence de biomédecine, les auteurs souhaitent prolonger leurs travaux sur des embryons humains donnés à la science. Mais ils se heurtent à une difficulté pour trouver les plastiques incriminés : « J’ai été surpris de constater que la pharmacie centrale des hôpitaux qui commande le matériel pour les FIV n’en connaisse pas la composition. »