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Pollutions

Les illuminations de Noël perturbent les animaux

Jolies, les décorations lumineuses des fêtes de fin d’année, mais pas bonnes pour tous ! Ces installations dans les villes, qui s’ajoutent à l’éclairage public, ne sont pas sans conséquences sur la faune et la flore.

Le calendrier de l’Avent n’était toujours pas entamé qu’elles étaient déjà là. Chaque année, souvent dès la mi-novembre, les illuminations de Noël s’accrochent aux lampadaires, surplombent les routes des villes et des campagnes, et intensifient l’éclairage public. Or celui-ci perturbe déjà le fonctionnement de la faune et la flore. Pour l’Union astronomique internationale (UAI), il y a pollution lumineuse quand « la luminosité artificielle propagée dans le ciel est supérieure à plus de 10 % de la lumière naturelle ». Et selon le dernier bilan de l’Office français de la biodiversité (OFB), cette pollution couvre 85 % du territoire métropolitain.

Or la nuit, de nombreuses espèces sont en période de repos, quand d’autres sont au contraire très actives : certaines espèces de chauves-souris, comme les rhinolophes par exemple, chassent dans l’obscurité. La lumière les fait fuir, et les éloigne de leurs proies — les insectes — qui sont au contraire attirées massivement par l’éclairage artificiel. Celui-ci pousse donc les rhinolophes à s’épuiser et cause parfois leur mort. La lumière nocturne modifie également la germination, la croissance ou la floraison des espèces végétales en ville.

Illuminations sur les Champs-Élysées. Flickr/CC BY 2.0/Jean-Pierre Dalbéra

Éteindre les lumières de 0 à 5 heures du matin

Pendant les fêtes, l’éclairage public se colore aux teintes de Noël, généralement de lumières bleues ou blanches, les plus néfastes pour la biodiversité, selon les chercheurs du centre Occitanie-Montpellier de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Ces dernières perturbent les cycles biologiques des espèces — tout comme la lumière bleue retarde l’horloge biologique des humains. S’ajoute à cela le clignotement de certains éclairages, encore plus agressifs, parfois disposés directement sur les arbres. Pour préserver la biodiversité, ces chercheurs préconisent d’éteindre les lumières de minuit à 5 heures du matin, et de laisser le plus possible des « trames noires », c’est-à-dire des espaces sans lumière artificielle lorsque la nuit tombe. Ils conseillent aussi d’opter pour des décorations qui ne nécessitent pas d’éclairage.

La Ville de Paris, elle, a privilégié l’installation des décorations lumineuses dans les espaces déjà très éclairés pour sauvegarder les trames sombres. Pour l’année prochaine, elle prévoit de remplacer les anciens lampadaires par « des lampadaires qui éclaireront vers le bas pour limiter la perte de lumière vers le ciel », dit à Reporterre Jonathan Sorel, directeur du cabinet de Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris chargé des espaces verts et de la biodiversité. « En Isère, la commune de Crêts-en-Belledonne a réduit l’éclairage public de Noël à deux semaines seulement », assure Alain Amselem, correspondant en Isère de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN). Plus de 700 villes ont rejoint le label Villes et villages étoilés créé par son association et s’engagent à mettre en place un éclairage raisonné en période de fêtes. Même si « l’impact des éclairages de Noël reste dérisoire, par rapport à celui des écrans publicitaires, qui eux, sont allumés toute l’année », rappelle Alain Amselem.

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