Marche du 16 octobre : canicule sociale et ras-le-bol général

À Paris, le 16 octobre 2022. - © Pablo Patarin / Reporterre
À Paris, le 16 octobre 2022. - © Pablo Patarin / Reporterre
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LuttesLa marche contre la vie chère et l’inaction climatique organisée par la Nupes a réuni des dizaines de milliers de personnes à Paris, mobilisées contre l’injustice économique et climatique.
Paris, reportage
16 octobre. Dès la sortie du métro place de la Nation, la police a annoncé la couleur en fouillant les sacs. 140 000 personnes ont répondu présent à l’appel de la Nupes (selon les organisateurs ; 30 000 selon la police). Parmi elles, des sections locales de l’union de gauche, venues du Cantal, de la Lozère, du Lot, de l’Allier… Les bus de certaines d’entre elles ont subi des fouilles avant même leur entrée dans Paris. Une multitude de militants d’autres organisations se sont déplacés, du NPA à la CNT en passant par la FSU, la Jeune Garde, la CGT ou l’UCL.
Si aucune confédération syndicale n’a souhaité s’associer directement, plus de 700 syndicalistes avaient appelé à rejoindre la marche. Les revendications étaient tout aussi nombreuses que les manifestants : opposition à la réforme des retraites, à l’inflation, à l’inaction climatique, droit au logement, demande d’une taxe des superprofits… Symbole d’une société qui craque mais se solidarise pour sa survie.

Sylvain, militant du Pôle de renaissance communiste en France, espère des changements : « On se mobilise contre les fauteurs de guerre, contre la réforme de l’assurance chômage, celle des retraites ». Même envie pour Danièle et Michèle, « retraitées mais toujours syndiquées » à la CGT Enseignement supérieur, qui espèrent une hausse conséquente du SMIC, la retraite à 60 ans et surtout le « droit de manger pour tous, qui n’est même plus assuré ».
Venus de Creuse en voiture, Pascale et son mari Paul, tous deux militants insoumis, tenaient aussi à être présents : « J’ai 900 euros de retraite par mois. Avec ce qu’ils nous annoncent, ça devient intenable. Pendant que les actionnaires se bourrent de pognon. On a cinq fils, mais on n’aura aucun petit-enfant. Personne ne souhaite confronter un enfant à ce monde. » Si les slogans et organisations varient, le fond du discours reste le même : le gouvernement ne peut poursuivre sa casse sociale et climatique en toute impunité.

Officieusement, la Nupes espère aussi que sa présence sur le front des questions sociales et environnementales fasse oublier les nombreuses affaires récentes de violences sexistes. Sur place, les principales figures de la FI étaient présentes, de Jean-Luc Mélenchon à Danièle Obono en passant par Alexis Corbière ou Mathilde Panot, accompagnés d’un soutien de marque en la personne de l’écrivaine Annie Ernaux, récemment nobélisée.
Loin des têtes d’affiche, dans le cortège de tête, gilets jaunes, militants antifascistes et autres groupes autonomes se sont serrés les coudes face aux tentatives de nasse et de dispersion des forces de l’ordre. Près de 2 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés. Dès le départ, ils ont bloqué l’avancée de la marche durant près d’une heure. Charges, matraquages, utilisation de grenades lacrymogènes et de désencerclement. De nombreux heurts ont émaillé la mobilisation, qui a poursuivi tant bien que mal son chemin jusqu’à Bastille en attaquant plusieurs banques et un McDonald’s.

Alors que les affrontements perduraient à l’avant, les prises de parole s’enchaînaient dans le grand camion de la Nupes. Élodie Nace, porte-parole d’Alternatiba, a souligné la légitimité de la grève : « Pendant que Total augmente ses bénéfices et que le PDG augmente son salaire de 52%, nous subissons l’inflation. En parallèle, la majorité des investissements continuent d’aller vers les énergies fossiles alors que le gouvernement a déjà été condamné à deux reprises pour inaction climatique. »
L’un des raffineurs de la CGT ExxonMobil, dont la grève s’est terminée ce vendredi alors qu’elle persiste sur d’autres sites de l’entreprise, harangue la foule à son tour : « On veut une juste répartition des richesses. La grève paye, nous avons arraché une hausse des salaires. Aujourd’hui, nous ne sommes plus en grève, mais toujours en lutte. Tous ensemble vers la grève générale ! »
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