Métier : Entrepreneur d’énergie renouvelable

Garantir aux consommateurs une électricité ni nucléaire ni fossile : c’est le travail quotidien de Wattvalue, une petite entreprise basée à Paris.
« Un électron, même s’il reste un électron dans le réseau, n’est pas toujours produit de la même façon », explique Jérôme Simon, fondateur et actuel gérant de WattValue. Depuis 2006, cette petite entreprise en régime de SARL (Société anonyme à responsabilité limitée) profite de la récente libéralisation des marchés de l’énergie pour proposer un service de certification d’origine de l’électricité à des professionnels. Le client peut ainsi faire valoir une consommation d’électricité plus respectueuse de l’environnement.
A la tête de l’équipe de cinq personnes, Jérôme Simon, qui est diplômé de l’École supérieure de commerce de Paris et d’un DEA de mathématiques appliquées : après ses études, il a travaillé pour La Redoute et puis pour le géant américain General Electric (GE). « Je me suis bien amusé chez GE, mais j’avais envie d’un projet dans le développement durable. J’en avais marre de bosser pour le grand capital », dit-il pour expliquer son changement de trajectoire.
Les certificats sont obtenus auprès d’installations de taille réduite et situées en France, essentiellement des petites centrales hydroélectriques. C’est un canal indépendant des gros producteurs, essentiellement EDF, qui proposent leur propre système de certification pour leurs installations renouvelables.
Les certificats d’énergie renouvelable constituent cependant une garantie virtuelle : raccordé au réseau électrique général, le client continue de consommer le mix électrique transmis par son fournisseur. L’achat du certificat garantit uniquement que la consommation d’électricité du client correspond à une quantité équivalente injectée dans le réseau par les producteurs travaillant avec WattValue en France.
Redevable de l’ouverture à la concurrence

- L’origine renouvelable du courant de la centrale micro-hydroélectrique à Artemare (Ain) est garantie par Wattvalue -
Entre 50 % et 70 % des revenus restent dans les mains du producteur, selon Jérôme Simon. Wattvalue, qui a réalisé 650 000 euros de chiffre d’affaires en 2013, assure par ailleurs acheter les certificats correspondant à la totalité de la production de ses partenaires, pour un prix supérieur à celui du marché. « Nous devons donc assumer les invendus », dit le gérant. Un système entièrement redevable de l’ouverture à la concurrence. « Nous existons grâce à cela, d’un point de vue légal et réglementaire. Je ne suis pas partisan à fond de la libéralisation », précise-t-il, tout en critiquant l’ancien monopole d’État jugé « poussiéreux ».
Également critique des méthodes utilisées par les acteurs d’internet pour évaluer leur impact environnemental, WattValue a lancé, en 2008, WattImpact : une certification de consommation d’électricité durable par les sites web et leurs visiteurs. Ici aussi, la détention du certificat garantit qu’une quantité similaire d’électricité renouvelable à celle consommée par l’existence du site a été injectée dans le réseau. Une cinquantaine de sites sont actuellement mesurés, dont celui de Nature et Découvertes.
Un moyen de verdir son image
Pour les acheteurs, ce système est d’abord une manière de soigner son image de marque. Une quote-part variable est cependant reversée pour des projets « d’amélioration écologique ou de développement de nouvelles capacités de production d’électricité renouvelable ». Le label Rivière sauvage est, par exemple, l’une des initiatives à en bénéficier.

- Rivières qui pourraient être labellisées "Rivières sauvages" (Artoise, Chéran, Fangu, Leguer, Trangu, Valserine, Vis)-
Depuis 2012, WattValue s’investit plus généralement dans le commerce de l’électricité, et, depuis le début du mois de juin 2014, de l’énergie. La première activité, Hydroval, s’adresse aux producteurs d’hydroélectricité. « Pendant une certaine durée après le premier investissement, les producteurs d’électricité renouvelable bénéficient d’une obligation d’achat, à un prix supérieur à celui du marché. Après, ils doivent trouver des acheteurs », explique Jérôme Simon pour expliquer son offre « destinée à trouver […] le meilleur contrat d’achat d’électricité au meilleur prix pour le producteur ». Et désormais, en prévision de la fin des tarifs réglementés du gaz au 31 décembre 2014 pour une partie des consommateurs professionnels, l’entreprise s’est lancée dans l’organisation d’un groupement d’achat, WattUnity, destiné à négocier au plus près les prix pour ses clients.