Patins, shorts, vélos… à Rennes, les sportifs ont leur friperie

Le magasin de seconde main L'équipière, à Rennes. - © Scandola Graziani / Reporterre
Le magasin de seconde main L'équipière, à Rennes. - © Scandola Graziani / Reporterre
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Alternatives QuotidienDe l’occasion, à petits prix : les magasins de seconde main spécialisés dans le sport fleurissent en France. De quoi s’équiper à bas prix, et rendre les activités sportives accessibles à toutes et tous.
Rennes (Ille-et-Vilaine ), reportage
La rentrée, c’est le moment de réinscrire les enfants aux activités sportives. Mais c’est aussi le moment où l’on se rend compte qu’ils ont bien changé pendant l’été : ils ne rentrent plus dans leurs crampons de foot, leur short, ou bien ils ont décidé d’arrêter la danse pour faire du judo… Résultat : il faut les équiper. Rassurez-vous, il existe une alternative à l’incontournable virée chez Décathlon : les ressourceries sportives.
Ce sont des magasins dédiés aux équipements sportifs de seconde main. En France, le réseau La Recyclerie sportive vient d’ouvrir sa septième boutique à Grenoble (Isère), et il existe aussi des ressourceries sportives indépendantes comme L’équipière, à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Seconde main, premier prix
Installés dans un ancien garage, les locaux de L’équipière ont une odeur qui rappelle les greniers d’antan, inspirant l’aventure ou la chasse aux trésors. Ça tombe bien, car des trésors, ce n’est pas ce qui manque dans cette drôle de boutique, encombrée d’un bric-à-brac d’équipements sportifs en tout genre : vêtements de sport, baskets, rollers, patins à glace, raquettes de tennis, combinaisons de plongée, et même des planches à voile ! Uniquement de l’occasion, rien de neuf. Ou presque : « Regardez par exemple cette sacoche à vélo, elle est comme neuve, il y a même encore l’étiquette dessus », se réjouit Thomas, comblé par sa trouvaille.

Sauvée de justesse à la déchetterie, cette sacoche est vendue environ un tiers moins cher que son prix d’origine. Les réductions peuvent aller jusqu’à - 70 %. Une aubaine pour les familles qui ont plusieurs enfants à équiper, mais aussi pour les adultes qui veulent commencer un nouveau sport, comme Clara : « Je vais essayer le foot cette année, je ne suis pas sûre de continuer longtemps, alors je ne veux pas trop investir dans mon équipement », explique la future footballeuse, à la recherche du maillot idéal.

« Ça fait des années que je n’ai rien acheté de neuf »
Pour certains clients, acheter du neuf ne rime plus à rien. C’est notamment le cas de Florentine, à la recherche d’un kimono de judo pour sa fille de 4 ans : « Ça fait des années que je n’ai rien acheté de neuf. En 2019, j’ai relevé le défi “rien de neuf”, qui consistait à ne rien acheter de neuf de l’année. Depuis, je n’achète que du seconde main, surtout pour les enfants. De toute façon, leurs vêtements ne leur servent pas longtemps. C’est beaucoup plus écologique d’acheter dans des ressourceries. » La mère de famille a aussi déniché de superbes ballons de basket : ses enfants seront bien équipés cette année.
« On fait des ventes saisonnières en fonction du moment de l’année, précise Mélanie, qui coordonne la ressourcerie. L’été, on met plutôt l’accent sur les équipements de randonnées et les sports aquatiques ; à la rentrée, on privilégie les sports collectifs, ou qui se pratiquent à l’intérieur. » À L’équipière, les articles proviennent des dons des particuliers, des associations sportives, des déchetteries rennaises ou des ressourceries généralistes.
Estelle et Mélanie, les coordinatrices du projet, se réjouissent de toutes ces possibilités de collecte : « À Rennes, on a de la chance d’avoir des espaces de réemploi dans les déchetteries : les agents sont formés pour mettre de côté ce qui pourrait nous intéresser. Ce n’est pas forcément le cas dans toutes les agglomérations. » Une fois les articles collectés, des bénévoles les trient pour les mettre ensuite en boutique. Ces chantiers de « tri-valorisation » sont aussi ouverts aux personnes en réinsertion sociale, car L’équipière est aussi un vecteur de lien social et de solidarité.
C’est également un moyen de dégenrer le sport. « Le milieu sportif est très masculin, donc dans ce nom “L’équipière”, il y avait l’idée de contrebalancer cette prédominance masculine, ou en tout cas cette idée que les sports sont genrés, précise Estelle. On n’a pas de rayon homme ou femme non plus, comme ça personne ne se met de barrières pour faire du sport. »