Plutôt que de livrer son gaz à l’Europe, la Russie le brûle

Flammes au-dessus du site de compression de Gazprom à Portovaya (Russie), le 28 juin 2022. - Twitter/Copernicus Sentinel/Sentinel Hub/Pierre Markuse
Flammes au-dessus du site de compression de Gazprom à Portovaya (Russie), le 28 juin 2022. - Twitter/Copernicus Sentinel/Sentinel Hub/Pierre Markuse
La géopolitique nuit gravement à l’environnement. Après avoir arrêté la livraison de gaz à l’Union européenne par le gazoduc Nord Stream 1, Moscou se retrouve obligé de brûler son propre gaz. Une enquête de la BBC, publiée le 26 août, rapporte que près de 4,34 millions de mètres cubes de gaz naturel (soit une valeur équivalente à 10 millions d’euros) étaient brûlés chaque jour près de la frontière russe avec la Finlande. Le « torchage » de ce gaz libèrerait environ 9 000 tonnes d’équivalent de CO2 par jour. Une catastrophe environnementale et économique selon la chaîne d’audiovisuel public britannique. Moscou ne dispose pas de capacité de stockage suffisante et ne peut réorienter vers d’autres destinations des gazoducs historiquement tournés vers l’Europe.
Depuis le début de l’été, d’importantes flammes sont observées au-dessus de la ville russe de Portovaya, au nord-ouest de Saint-Pétersbourg où Gazprom comprimait son gaz avant de l’envoyer en Allemagne. Selon des journaux finlandais, une flamme de grande envergure est aperçue depuis le mois de juin au niveau de l’usine. Elle avait été filmée le 3 août et des images satellites avaient confirmé les faits. Mi-juin, Gazprom a réduit ses livraisons par le gazoduc de la mer Baltique à 40 % de ses capacités, avant de les abaisser à 20 % le 26 juillet et de finalement définitivement l’arrêter.
Concernant les conséquences climatiques, les articles de la BBC et des journaux finlandais insistent sur le fait que le brûlage à la torche du gaz naturel produit des particules de suie surnommée carbone noir, qui une fois dirigé vers le nord se dépose sur la neige et la glace. Ce carbone noir va « considérablement accélérer leur fonte », signale auprès de la BBC Matthew Johnson, professeur de l’université Carleton au Canada.