Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

En brefAgriculture

Réduction des pesticides : le gouvernement a voulu masquer ses échecs

Tout est parti d’un échec. En 2008, le gouvernement lançait le programme Écophyto dont l’objectif était de réduire de moitié l’usage des pesticides en dix ans. Sauf qu’en 2015, l’utilisation des produits phytosanitaires avait finalement... augmenté de 22 % ! Face à ce fiasco, l’objectif de -50 % de pesticides a été reporté à 2025.

En juillet 2020, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a commandé un rapport sur l’efficience des fonds publics dédiés à la réduction de l’usage des pesticides. Le dossier a été déposé sur son bureau en mars 2021, mais n’a jamais été rendu public. L’association France Nature Environnement (FNE) a toutefois réussi à se le procurer en recourant à la Commission d’accès aux documents administratifs, et vient de le diffuser, deux ans après sa remise, mercredi 23 mars.

« Ce rapport dresse un diagnostic complet et un bilan très décevant des quatorze dernières années d’actions politiques en matière de réduction de l’usage des pesticides, indique FNE dans un communiqué de presse. Il n’a jamais été rendu public et pourtant les auteurs font état de solutions réalistes et rapidement applicables. » L’association accuse donc le ministère de l’Agriculture d’avoir sciemment voulu dissimuler ses échecs.

« Des solutions réalistes et rapidement applicables existent »

Dans ce fameux rapport, les auteurs confirmaient que « les résultats mesurés à l’aune de cet objectif quantitatif de réduction de 50 % s’avèrent décevants, même s’ils sous-estiment l’ampleur des changements engagés ». Ils formulaient des recommandations pour améliorer la mise en œuvre du programme.

Trois scénarios étaient proposés :

  • un premier visant à soutenir en priorité les acteurs et les filières n’utilisant pas de pesticides ;
  • un deuxième où les taxations et aides financières inciteraient les acteurs à réduire les produits phyto ;
  • et un troisième où l’État devrait durcir sa réglementation, les conditions d’attribution des aides de la politique agricole commune, et le contrôle des pratiques.

Les auteurs estimaient que, « par souci de cohérence et d’efficacité », le nouveau plan devrait débuter avec la nouvelle politique agricole commune (PAC) en 2023. Mais celle-ci a depuis déjà été négociée, sans ces recommandations, puisqu’elles n’avaient pas été rendues publiques par le gouvernement. Sollicité par Reporterre, le cabinet de Julien Denormandie n’a pas répondu à nos questions.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement se multiplient, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les dernières semaines de 2023 comporteront des avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela.

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre ne dispose pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

Abonnez-vous à la lettre d’info de Reporterre
Fermer Précedent Suivant

legende