Réparer son ordi ou son grille-pain va coûter moins cher

Depuis le 15 décembre, les Français bénéficient d'un « bonus » pour faire réparer leurs appareils électriques et électroniques. - Flickr / CC BY 2.0/ Marco Verch Professional Photographer
Depuis le 15 décembre, les Français bénéficient d'un « bonus » pour faire réparer leurs appareils électriques et électroniques. - Flickr / CC BY 2.0/ Marco Verch Professional Photographer
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QuotidienVous pouvez désormais bénéficier d’une réduction de 20 % chez un réparateur si vous y amenez votre TV, grille-pain, ordi... cassé plutôt que d’en racheter un. Ce « bonus réparation » est la mesure phare de la loi antigaspillage.
Œuvrer pour la fin d’une société du tout-jetable. Telle est la mission affichée du fonds d’aide à la réparation pour les équipements électriques et électroniques (EEE). C’est la mesure phare de la loi antigaspillage pour une économie circulaire qui entre en vigueur le 15 décembre. Concrètement, les consommateurs ont désormais droit à un « bonus » de 10 à 45 euros lorsqu’ils choisissent de réparer plutôt que de remplacer par du neuf leurs objets du quotidien. Une enveloppe de 410 millions d’euros a été débloquée par le gouvernement jusqu’à 2027. Une trentaine d’appareils sont concernés. En moyenne, 20 % du prix de la réparation sera pris en charge. Comptez 25 euros de réduction pour le gros électroménager, 10-15 euros pour tout ce qui est outillage de jardin ou petit matériel de cuisine. Pour un ordinateur, ce coup de pouce grimpe jusqu’à 45 euros, mais seulement dans le cas où la réparation atteint les 180 euros.
Articles de sport, imprimante et scanner, meubles ou encore vêtements et chaussures devraient être progressivement inclus dans le bonus au cours de l’année prochaine. Une initiative bonne pour « l’emploi local », « la planète » et « le pouvoir d’achat », a affirmé le 15 novembre dernier, le ministre de la Transition écologique. La réparation est souvent perçue comme trop coûteuse et trop longue, selon l’Agence pour la transition écologique (Ademe). À l’heure actuelle, seulement 10 % des EEE sont réparés hors garantie, alors que circulent sur le territoire près de 1,2 milliard d’appareils, toujours selon l’Ademe. Objectif : doubler ce chiffre d’ici cinq ans.

Pour être couverts par ce coup de pouce, les biens doivent être d’origine française et hors garantie. Autre contrainte : seuls les 500 réparateurs labellisés QualiRépar, sur 30 000 établissements en France,, sont à même d’offrir la réduction. Ce choix réduit pourrait être un frein dans certaines régions, où le premier technicien se trouve à 40 kilomètres du domicile. Le bonus est automatiquement déduit de la facture, le professionnel étant remboursé par les éco-organismes. « La phase de labellisation, qui a démarré en avril, a pris plus de temps que prévu, admet Claire Lemarchand, directrice de la communication chez Ecosystem, un des deux éco-organismes (entreprise à but non lucratif agréé par les pouvoirs publics) qui gèrent le fonds. Mais aujourd’hui on a 800 demandes en cours, et on atteindra sûrement un réseau de 1 500 professionnels au printemps prochain. » Une grande campagne de communication, autre que médiatique, sera alors organisée.
« La réparation sera plus compétitive face au neuf »
« Cela va permettre à la réparation, un secteur d’avenir, d’être plus compétitif face au neuf. C’est génial que le gouvernement s’engage », se réjouit Aurélie Fircowicz, directrice marketing de la start-up de réparation Murfy. L’entreprise facture en moyenne 123 euros les réparations de gros électroménagers. « Avec le bonus, ce sera moins de 100 euros ! » calcule-t-elle rapidement. Sur le site, la réduction apparaît déjà en ligne. Seul problème, le secteur souffre d’un manque criant de personnel alors que les demandes risquent d’augmenter rapidement. « On a récemment formé 150 personnes et on va faire la même chose en 2023 », dit Aurélie Fircowicz. Elle compte embaucher à tour de bras pour atteindre les 3 000 réparateurs, contre 130 aujourd’hui, dans quatre ans.
« 410 millions d’euros, ce n’est pas suffisant »
Le dispositif ne fait pas l’unanimité : « On le soutient pleinement mais 410 millions d’euros, ce n’est pas suffisant pour permettre un vrai boom du recours à la réparation, déplore Alice Elfassi responsable des affaires juridiques chez Zéro Waste France. Cela implique « des rabais trop peu incitatifs par rapport au neuf. » Elle ajoute : « Initialement, le fonds devait être doté de 203 millions d’euros rien que sur 2022 avec une montée en puissance ensuite. » Avec l’association Les Amis de la Terre, Zéro Waste France a déposé en février un recours en annulation du décret de création du fonds. Si Chez Ecosystem, on entend ces critiques, Claire Lemarchand rappelle tout de même qu’« un demi-milliard, c’est déjà ça » et que le fonds d’aide a vocation à évoluer. « Si c’est un succès, on s’en réjouira et on financera », assure-t-elle.