Taxonomie européenne : à Strasbourg, les écologistes disent non aux « énergies des dictateurs »

Un cortège rassemblant des militants de nombreuses organisations écologistes européennes a défilé dans les rues de Strasbourg mardi midi, direction le Parlement européen. - © Adrien Labit/Reporterre
Un cortège rassemblant des militants de nombreuses organisations écologistes européennes a défilé dans les rues de Strasbourg mardi midi, direction le Parlement européen. - © Adrien Labit/Reporterre
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Énergie EuropeMardi 5 juillet, près de 200 militants venus de toute l’Europe ont mené des actions au sein de la capitale européenne. Objectif : dissuader les eurodéputés de voter un texte qui financerait le gaz fossile et le nucléaire en tant qu’énergies de transition.
Strasbourg (Grand Est), reportage
#NotMyTaxonomie. C’est autour de ce mot d’ordre qu’une coalition d’activistes climat s’est donné rendez-vous à Strasbourg, mardi matin, à quinze minutes à pied du Parlement européen. Des militants italiens, allemands, polonais, autrichiens ou encore ukrainiens, âgés de 18 à 25 ans pour la plupart, bien décidés à peser sur le vote de la taxonomie européenne prévu ce mercredi.
Classification visant à flécher des investissements en direction des énergies propres, la taxonomie européenne a fait l’objet d’un amendement de la Commission européenne en février dernier, pour intégrer le nucléaire et le gaz fossile au nombre des énergies à financer. Un non-sens absolu pour les organisations du mouvement climat.
« Au début des discussions autour du texte, il y a eu d’énormes désaccords sur l’inclusion de ces énergies dans la taxonomie, dit Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace France. Elles n’ont pas été retenues dans la première liste. Malheureusement, le lobby français du nucléaire s’est allié à celui des pays progaz pour influencer la Commission européenne. Telle qu’elle a été imaginée, la taxonomie est un bon outil, mais il a été dévoyé. » L’activiste regrette également un « déni de démocratie » dans le processus législatif, n’ayant pas permis d’autres débats au Parlement que celui prévu ce mardi après-midi.

Soutenir l’Ukraine ou financer le gaz russe
Contrariés dans leurs plans par un arrêté préfectoral promulgué la veille et instaurant un périmètre de sécurité renforcé autour des institutions européennes, les militants ont pourtant investi les abords du Parlement pour une première prise de parole à destination des eurodéputés en milieu de matinée. Entourés de policiers, une trentaine d’activistes de Greenpeace, ANV-COP21 et des Amis de la Terre a brandi des drapeaux bleu et jaune et appelé à la solidarité avec l’Ukraine.
« Le fait de faire entrer le gaz et le nucléaire dans la taxonomie européenne enrichit directement Vladimir Poutine, ses proches et l’industrie russe en général, a rappelé Zoé Mary, porte-parole d’ANV-COP21. Aujourd’hui, la Russie produit 45 % du gaz consommé au sein de l’Union européenne et 20 % de l’uranium enrichi. Quand on se positionne pour la paix en Ukraine, on ne peut pas donner des intérêts à ces entreprises. »

Après s’être dispersés une première fois en milieu de matinée, les militants se sont retrouvés à 11 h 30 à proximité du centre-ville pour une nouvelle manifestation en direction du Parlement européen. Bella Ciao a retenti sur les marches du palais universitaire de Strasbourg, porté par l’énergie communicative des activistes de Fridays For Future Italie. Le cortège s’est mis en branle en musique, avec slogans et chorégraphies.

Arrivés au Parlement européen, les militants ont été stoppés dans leur progression par un cordon de forces de l’ordre et se sont installés sur un pont, en face de l’institution. Des canoës pilotés par des activistes les ont rejoints un quart d’heure plus tard en remontant la rivière Ill, coulant au pied du bâtiment. Ils ont toutefois été arrêtés par la police fluviale avant de pouvoir mener une action. Tout comme la trentaine de nageurs qui s’est jetée à l’eau, en face de l’institution toujours, un quart d’heure plus tard.

Avant de se disperser pour la dernière fois de la journée, les militants ont organisé une nouvelle série de prises de parole. « Arrêtez de financer des énergies qui bénéficient à des dictateurs, a scandé Dominika Lasota, porte-parole de Fridays For Future Pologne, dans son mégaphone. Les énergies renouvelables sont les seules énergies de paix. »