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Luttes

TotalEnergies abandonne son projet de bâtiment à Polytechnique

Le campus de l'École polytechnique.

Total renonce à son bâtiment de 10 000 mètres carrés sur le campus de l’École polytechnique. Une victoire sur la multinationale pétrolière et polluante remportée par les associations d’élèves et environnementales.

TotalEnergies a renoncé à s’implanter au sein de l’École polytechnique, à Saclay (Essonne). Le groupe pétrogazier comptait ériger un bâtiment de 10 000 m2 dans l’enceinte du campus, où quelque 400 personnes devaient travailler à « la décarbonation des énergies ». L’entreprise a annoncé sa décision vendredi 28 janvier. Ce projet suscitait de vives contestations chez les étudiants et certains professeurs, ou encore chez Greenpeace. Ils dénonçaient « l’ingérence du privé » sur le campus. Reporterre avait relaté cette lutte en janvier 2020.

La multinationale a justifié cet abandon par un retard important dans le chantier du bâtiment, mais aussi par des « recours qui vont nécessiter plusieurs années avant de pouvoir être définitivement purgés et permettre sa construction ». Ce projet fait en effet l’objet de trois recours juridiques. La Sphinx, une association d’élèves et d’anciens élèves de Polytechnique, avait notamment déposé le 7 juillet 2021 au tribunal administratif de Versailles un référé en suspension et un recours en annulation contre le permis de construire accordé à Total. Une décision du Conseil d’État est attendue le 31 janvier 2022.

Lire aussi : Total, premier pollueur de France : l’enquête de Reporterre

Par ailleurs, une enquête préliminaire est en cours, conduite par le Parquet national financier (PNF) à la suite d’une plainte pour prise illégale d’intérêts déposée contre Patrick Pouyanné — PDF de TotalEnergies, mais également membre du conseil d’administration de l’école —, par La Sphinx, Greenpeace France et Anticor.

TotalEnergies n’entrera donc pas dans l’enceinte de Polytechnique, mais elle ne renonce pas, pour autant, à se rapprocher de l’école : l’entreprise précise qu’elle installera « dès cette année » son pôle « R&D nouvelles énergies & électricité » sur le plateau de Saclay, dans des locaux déjà existants. Dans un communiqué, l’École polytechnique a indiqué ce vendredi avoir pris « acte et regretter la décision prise par TotalEnergies ». Néanmoins, cette annonce « ne remet pas en cause les partenariats avec TotalEnergies, qui sont tous maintenus », ajoute la direction.

Dans un communiqué, la Sphinx, Greenpeace et Anticor ont qualifié le choix de TotalEnergies de « victoire » pour les opposants après deux années de mobilisation. Mais ces organisations opposées au projet restent toutefois « vigilantes sur la suite des relations entre TotalEnergies et l’établissement ».

« Nous continuerons à nous battre pour que les relations entre l’École polytechnique et les entreprises partenaires s’inscrivent dans un cadre transparent et soient accompagnées de garanties concernant l’indépendance de la recherche et de l’enseignement », a réagi Thomas Vezin, secrétaire général de la Sphinx.

Edina Ifticène, chargée de campagne Pétrole à Greenpeace France, a dénoncé que « coûte que coûte et en dépit de l’urgence climatique, l’industrie des fossiles tente d’accroître son influence néfaste sur les établissements de l’enseignement supérieur et les cerveaux des futurs cadres de la nation ». « Mais cette victoire, poursuit-elle, résultat d’un combat mené de front par les étudiants et anciens étudiants de Polytechnique, montre que l’emprise des majors pétrolières et gazières sur la société n’est pas une fatalité ! »

TotalEnergies peut être qualifié de premier pollueur de France, comme l’a montré une enquête approfondie de Reporterre.

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