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Énergie

Treize millions d’Italiens votent pour l’arrêt de l’exploitation du pétrole, mais ça ne suffit pas

Plus de treize millions d’Italiens ont voté pour l’abandon de l’exploitation du pétrole offshore. Mais faute d’un quorum suffisant - il fallait 50 % de participation - la décision n’est pas adoptée.

-  Actualisation - Lundi 18 avril - 16 millions d’italiens ont voté dimanche au référendum sur l’exploitation de pétrole dans la mer. Une majorité écrasante, 85,8 %, a dit « oui » à l’abrogation de la loi - fortement soutenue par le gouvernement de Matteo Renzi - qui concède aux pétroliers le droit d’utiliser les gisements d’hydrocarbures sans aucune limitation dans le temps, à moins de 12 milles des plages italiennes, c’est à dire aussi dans des zones qui devraient être protégées.

Mais 16 millions ne sont que 32 % des électeurs italiens. Le quorum de 50% n’a donc pas été atteint, et le référendum n’a pas été validé. L’Italie va continuer a exploiter le gaz et le pétrole, au mépris des engagement pris lors de la Cop 21 de Paris.


Le dimanche 17 avril se tiendra en Italie un référendum qui décidera du futur de l’exploitation pétrolière et gazière en mer. Les citoyens italiens devront décider d’abroger, ou non, une loi entrée en vigueur en février 2016. Celle-ci, soutenue par le gouvernement de Matteo Renzi (Parti démocrate), concède aux entreprises la possibilité d’exploiter le gaz et le pétrole des gisements offshore jusqu’au tarissement des puits et non plus pour la durée des concessions octroyées par l’État.

Neuf conseils régionaux, avec des majorités de droite comme de gauche, ont demandé et obtenu de donner la parole aux citoyens via ce référendum. Ces régions sont les plus exposées au risque environnemental de l’exploitation d’hydrocarbures, avec des plateformes très proches du littoral (en particulier en mer Adriatique). Mais la loi impose qu’au moins 50 % des électeurs participent au référendum pour que le vote soit valide. Sinon, la loi sur l’exploitation d’hydrocarbures restera en vigueur.

Zones d’exploitation et de recherche d’hydrocarbures en Méditerranée en 2015.

Problème : le gouvernement essaie ouvertement de saboter la consultation électorale, Matteo Renzi ayant déclaré que « le non vote est une option légitime ». Ces propos ont suscité les réactions non seulement des associations écologistes qui se battent pour le « oui » mais aussi du président de la Cour constitutionnelle, Paolo Grossi : « Participer au vote fait partie de la carte d’identité du bon citoyen. »

« Une procédure d’infraction contre l’Italie » 

La ligne du gouvernement est très claire : « Dire non au pétrole et au gaz ? C’est quelque chose que je ne comprends pas, a expliqué Renzi. Est-ce que c’est plus intelligent de l’importer de l’Arabie saoudite ou de Russie ? » Ce à quoi les partisans du « non » répondent que l’Italie importe déjà près de 80 % de l’énergie qu’elle consomme. L’exécutif italien ajoute également que l’interdiction de l’exploitation gazière et pétrolière mettrait 5.000 personnes au chômage.

Mais selon les associations et les régions qui soutiennent l’abrogation, le référendum n’est pas un choix entre pétrole italien et importé. Il s’agit de miser sur les énergies propres et renouvelables, d’abandonner les combustibles fossiles et d’éviter le risque de marées noires. En cas de fuite de pétrole, les côtes italiennes et l’industrie du tourisme seraient menacées par une catastrophe car les 88 plateformes offshore en service actuellement en Italie sont très souvent situées à quelques kilomètres du littoral. Ainsi, dans les Abruzzes, région bordée par la mer Adriatique, les infrastructures pétrogazières sont visibles à l’œil nu depuis les plages.

Des militants de Greenpeace ont suspendu une bannière appelant à voter oui au référendum, vendredi 15 avril, à Venise.

« Même si la loi survit au référendum, explique Dante Caserta, vice-président du WWF Italie, l’Union européenne qui lancera une procédure d’infraction contre l’Italie, car les concessions pour l’exploitation d’hydrocarbures doivent obligatoirement avoir une durée limitée. » « On se retrouve dans cette situation, a-t-il ajouté, car le gouvernement et le Parlement ont donné suite aux requêtes du lobby pétrolier, intéressé à prolonger la vie de ses vieilles plateformes, dont 47,7 % a plus de 40 ans. Ainsi, leurs propriétaires peuvent éviter de payer les coûts de démantèlement. »

D’autres investissements, insistent les associations, sont moins risqués et plus rentables. C’est le cas des énergies renouvelables et en particulier du solaire, énergie que la péninsule possède en abondance. L’Italie, selon le dernier rapport de l’International Energy Agency, vient ainsi de décrocher la première place mondiale pour l’utilisation du photovoltaïque. « Notre pays, conclut Caserta, a besoin d’un programme énergétique sérieux de décarbonisation de l’économie qui soit cohérent avec les engagements pris lors de la COP21 de Paris. »

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