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En brefDéchets nucléaires

Un paysan condamné pour avoir prêté son tracteur aux opposants de Bure

Mardi 24 octobre, Jean-Pierre Simon, paysan installé à Cirfontaines-en-Ornois (Meuse), a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc d’avoir prêté un tracteur et sa remorque aux opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires de l’Andra à Bure. Il a été condamné à deux mois d’emprisonnement avec sursis assortis de six années de mise à l’épreuve.

Joint par Reporterre, le paysan ne se dit pas surpris par cette lourdre condamnation : « Ma situation d’agriculteur et d’habitant du secteur a sans doute joué : les autorités ne veulent pas que mon histoire fasse des émules, et que d’autres habitants suivent mon exemple. Il fallait assainir, taper fort et condamner, pour dissuader les autres. »

Pour autant, il n’est pas certain de faire appel, car en cas de prolongation de la procédure judiciaire, il ne pourrait pas récupérer son matériel agricole (notamment le tracteur indispensable à son travail), saisi et retenu depuis juin 2016.

Pour rappel, à l’été 2016, ce paysan a mis à disposition des opposants au projet de poubelle nucléaire de Bure son tracteur et sa bétaillère. Pour les gendarmes et pour l’Andra — l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs, partie civile dans le procès —, il aurait ainsi « favorisé l’occupation du bois Lejuc » par les manifestants, et « fait obstacle à une issue du site ». Interrogé par Reporterre en mai dernier, Jean-Pierre Simon racontait une version de l’histoire sensiblement différente. Début juin 2016, les opposants ont organisé une manifestation pour protester contre le début des travaux de l’Andra dans le bois Lejuc. « Je suis venu avec mon tracteur pour porter le matériel pour le pique-nique, raconte-t-il. Quand on s’est rendu compte que l’Andra menait là-bas des travaux illégaux, l’occupation a été décidée. Je ne suis pas resté sur place, mais j’ai laissé mon tracteur, pour aider à la logistique : transporter les tentes par exemple. »

Pour le réseau Sortir du nucléaire, « en suivant globalement l’avis du procureur, le juge a sanctionné un acte de bienveillance et d’entraide, coutumier dans le monde agricole et, au-delà, les convictions d’un lanceur d’alerte ».

« Alors que les mesures répressives se multiplient partout en France pour les militants, cette condamnation menace de fait les paysans et les habitants et vise à les réduire au silence et à l’inaction, dénonce le réseau dans un communiqué. Une logique de pression et d’intimidation s’installe et a des effets délétères sur la vie quotidienne des habitants du territoire. Les risques de dérapage sont bien réels : provocations policières, affrontements, arrestations arbitraires. »

-  Source : Reporterre.

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