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Une conservation extrême de la nature pourrait entraîner des famines

Vue de la réserve de biosphère Nilgiri en Inde.

La protection de l’environnement pourrait-elle nuire à une partie de l’humanité ? C’est ce que suggère une étude publiée jeudi 3 février 2022 dans la revue Nature Sustainability. D’après les scientifiques de l’université d’Aberdeen (Écosse) qui en sont à l’origine, l’extension de la surface terrestre mondiale destinée à la conservation, une approche clé pour protéger la biodiversité, pourrait entraîner des centaines de milliers de morts de la faim dans certaines régions du monde.

L’étude, menée en collaboration avec l’université d’Édimbourg (Écosse), l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (Autriche) et l’Institut de technologie de Karlsruhe (Allemagne) a modélisé les effets potentiels d’une conservation « extrême » excluant les activités humaines et protégeant strictement 30 % et 50 % de la surface terrestre pour la biodiversité. Elle conclut qu’une telle politique pourrait entraîner l’augmentation les prix alimentaires mondiaux et régionaux, ce qui pourrait affecter la sécurité alimentaire et accroître les maladies associées à la malnutrition.

Le tiers-monde touché, les pays riches épargnés

Dans leur scénario, jusqu’à 200 000 personnes supplémentaires pourraient ainsi périr de malnutrition et de famine en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne, des régions déjà durement frappées par les difficultés d’accès à la nourriture. À l’inverse, les régions du monde développé seraient largement à l’abri de ces effets négatifs.

« Ce travail est important pour améliorer notre compréhension de la façon dont des conséquences involontaires pourraient potentiellement survenir en raison de la concurrence pour les terres, a commenté le Dr Peter Alexander, maître de conférences à l’université d’Édimbourg. Le système mondial d’utilisation des terres et d’alimentation est très complexe et connecté à l’échelle planétaire, et il est actuellement soumis à des pressions de plus en plus fortes pour fournir, par exemple, de la nourriture et d’autres matériaux, des habitats appropriés pour la biodiversité, ainsi que pour atténuer le changement climatique et s’y adapter. Même les actions bien intentionnées qui se concentrent sur un résultat peuvent créer des problèmes substantiels dans d’autres aspects ou endroits. »

Faut-il pour autant rejeter les mesures de conservation basées sur la création d’aires protégées ? Pas forcément. « Bien que notre étude de modélisation explore l’extrême limite des mesures de conservation, notre analyse donne un aperçu des compromis potentiels entre les mesures de conservation strictes et la santé humaine mondiale. La quantification de ces compromis et impacts peut faciliter la planification et les négociations en matière de conservation », assure l’autrice principale de l’étude Dr Roslyn Henry, de l’école des sciences biologiques de l’université d’Aberdeen.

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