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Politique

Une partie d’EELV refuse un accord avec le Parti socialiste

Alors que les discussions entre les équipes de Yannick Jadot et Benoît Hamon patinent, des membres d’Europe Ecologie Les Verts refusent un accord qui se couperait de La France insoumise.

  • Actualisation - Jeudi 23 février - Une fraction du parti Europe Écologie-Les Verts regimbe à l’accord envisagé avec le PS. Animée par Mathieu Béchu Diaz, conseiller fédéral d’Alsace, Élise Lowy, membre du bureau exécutif de EELV et Chekra Kaabi , membre du bureau du Conseil fédéral, un texte a été publié mercredi 22 sous le titre Un candidat pour trois mais pas deux !.

Les signataires rappellent la défiance d’EELV à l’égard du Parti socialiste : « Bien qu’il y a huit mois, lors de notre Congrès, l’écrasante majorité des militant.e.s avaient fait le choix de couper le cordon ombilical relié au PS, la majorité au bureau exécutif de EELV semble de nouveau en passe de conclure un accord sans aucun rapport de forces afin de sauver quelques sièges de parlementaires. On ne peut pas ressasser sans cesse que l’on ne montera pas une nouvelle fois dans la soute du vieux car diesel du PS et y monter. C’est à se demander si aucune leçon du passé et de l’échec de 2012 ne semble avoir été tirée. »

Elise Lowy, du conseil exécutif d’EELV, est signataire du texte

Ils ne pensent pas que le PS a changé, et refusent un accord qui écarterait La France insoumise, le mouvement qui soutient Jean-Luc Mélenchon : « Comment peut-on alors, espérer la mise en œuvre d’un projet radical de transformation social et écologique quand des député.e.s investi.e.s par le PS sont ceux et celles qui ont voté les politiques que nous déplorons, à l’exemple de Mme El Khomri, M. Valls ou M. Le Roux ? »

« Au sein d’EELV, le ralliement à Benoît Hamon divisera le mouvement, conduira nombres de militant.e.s vers d’autres candidat.e.s. Bien que l’histoire ne soit pas écrite, une refondation est déjà à l’œuvre. Alors, pour nous, c’est non à un accord à 2 avec le PS sans la France insoumise. Nous refusons tout assujettissement au Parti socialiste, et combattons ses idées sociales-libérales. »


  • Mercredi 22 février

L’accord entre les écologistes et les socialistes ? Le PS bloque

Les écologistes demandent plus que des engagements d’objectifs. Ils veulent un accord sur la mise en œuvre. Pour l’instant, les représentants de Hamon et du Parti socialiste freinent.

À la fin de la semaine dernière, tout paraissait réglé comme du papier à musique. Les équipes de Yannick Jadot et de Benoît Hamon allaient finaliser leurs objectifs communs, après une discussion commencée dimanche 12 février, et Jadot annoncerait son désistement pour soutenir Hamon. Cela pourrait être annoncée lundi 20 février.

Et puis, patatras. Rien ne se déroule comme prévu. La date limite du jeudi 23, à laquelle les militants écologistes doivent se prononcer sur l’accord entre les deux candidats, semble de plus en plus incertaine. David Cormand, le secrétaire général du parti, a indiqué à l’AFP que les discussions pourraient durer jusqu’au week-end. "Il y aura un accord clair ou il n’y aura pas d’accord du tout, et nous le saurons cette semaine", insistait encore hier soir Yannick Jadot sur France 24, alors qu’une nouvelle réunion de discussion avait achoppé dans la journée.

Le candidat écologiste s’est expliqué mercredi 22 février sur France Inter. Ce qui bloque ? "Il y a au sein du Parti socialiste des personnes qui veulent faire payer à Benoît Hamon le fait qu’il a été frondeur, qu’il ait gagné une primaire contre la ligne gouvernementale et, d’une certaine façon, contre l’appareil du Parti socialiste, et sur un projet qui est beaucoup plus écolo que ce qu’a été ce gouvernement pendant cinq ans."

Des accords sont trouvés sur des objectifs, comme nous l’avions déjà indiqué il y a quelques jours : refus du Ceta, fin de l’état d’urgence, séparation des banques d’affaires et de dépôt, engagement d’un plan d’investissement dans la transition écologique, lutte contre les discriminations, développement du transport ferroviaire, inscription de l’écologie dans la Constitution, légalisation du cannabis, reconnaissance de l’État palestinien, sortie du nucléaire sur trente ans, refus des grands projets inutiles (Notre-Dame-des-Landes). Un point de désaccord notable porte sur le désarmement nucléaire. Mais les écologistes veulent des engagements précis de mise en œuvre. Il n’est pas question de répéter l’expérience de 2011-2012, où de beaux objectifs avaient été actés par un accord avec le Parti socialiste pour être abandonnés durant la présidence de François Hollande.

Ce qui est en cause, explique Yannick Jadot, "c’est la mise en œuvre. Qu’est-ce qu’on fait les cent premiers jours ?". Par exemple, "comment on s’assure que les salariés du nucléaire, comme les exploitants qui souffrent terriblement et des pesticides et de la crise de l’agriculture, trouvent une perspective dans l’accompagnement en termes d’outils publics et de formation pour passer à un agriculture paysanne ?"

Enfin, un enjeu porte sur le nombre de circonscriptions dans lesquelles ce serait un écologiste qui porterait le drapeau de l’union, lors des élections législatives. EELV demanderait une cinquantaine.

Discussion avec le Parti de gauche

Eric Coquerel : « La proposition de Jean-Luc Mélenchon de rencontrer Benoît Hamon tient toujours »

Par ailleurs, des cadres du parti écologiste ont rencontré les dirigeants du Parti de gauche, qui soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon. « Nous avons eu des discussions intéressantes sur le fond et un certain nombre de positions communes », explique Éric Coquerel, coordinateur politique du Parti de gauche, qui assure avoir « mis en garde » EELV, en soulignant la nécessité d’avoir un accord très précis avec le PS.

« Et dans la mesure où ils aimeraient toujours rassembler les trois candidats, on leur a dit que la proposition de Jean-Luc Mélenchon de rencontrer Benoît Hamon tenait toujours », dit-il.

François de Rugy rejoint Emmanuel Macron

Pendant ce temps, le député ex-écologiste François de Rugy a annoncé qu’il soutenait Emmanuel Macron, et non Benoît Hamon. M. de Rugy avait pourtant participé à la primaire du Parti socialiste, dite de « La belle alliance populaire ».

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