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Agriculture

Xavier Beulin, patron du trust Avril et de la FNSEA, est décédé

Xavier Beulin est décédé dimanche 19 février à l’âge de 58 ans. Il portait la double casquette de président de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, et de président du groupe agroalimentaire Avril-Sofiprotéol.

  • Rennes, correspondance

C’est la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) qui a annoncé la nouvelle dimanche 19 février par un communiqué : « C’est avec une immense tristesse que nous annonçons le décès de Xavier Beulin. L’agriculture perd un grand homme. » À quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, les politiques saluent son engagement et sa détermination. Sur les réseaux sociaux, d’autres réactions émergent, soulignant les conflits d’intérêt auxquels était confronté cet homme aux multiples casquettes.

Président du syndicat depuis 2010, il avait annoncé fin janvier sa candidature pour un troisième mandat, lors des élections du syndicat prévues fin mars, à Brest.

Céréalier au costume impeccable, Xavier Beulin avait plus l’allure d’un homme d’affaires que d’un agriculteur. Premier président de la FNSEA à ne pas être éleveur, il incarnait un changement de cap, celui de l’industrialisation de l’agriculture française. Une vision agricole diamétralement opposée à celle de la Confédération paysanne, comme le montrait l’entretien croisé qu’il avait eu avec Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération.

Xavier Beulin, « l’homme aux mille bras »

La position de M. Beulin était controversée : dirigeant le premier syndicat agricole de France, il était également à la tête du groupe Avril-Sofiprotéol, numéro un mondial des huiles (Lesieur, Puget), mais aussi les œufs Matines, et de nombreuses autres activités agro-industrielles. Un groupe pesant, en 2013, 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Quels intérêts M. Beulin défendait-il ? Ceux des paysans, ou ceux de l’agro-industrie ? Ses multiples responsabilités lui donnaient un poids déterminant dans l’évolution de l’agriculture française, le rendant capable de dicter sa politique au ministre de l’Agriculture.

D’un côté, il affirmait son soutien aux agriculteurs et aux éleveurs endettés. De l’autre, il faisait l’éloge de l’industrie agricole. Cette contradiction avait fini par soulever la critique des exploitants agricoles venus à Paris, en septembre 2015, avec près de 2.000 tracteurs des quatre coins du pays pour réclamer un plan d’aides financières. Alors qu’il venait en tribune expliquer ce qu’il avait obtenu au ministère de l’Agriculture, les manifestants l’avaient hué.

Pour mieux connaître le parcours de cet homme d’affaires, Reporterre vous invite à replonger dans l’enquête en cinq volets que nous lui avions consacrée en 2015, et qui avait fait connaître largement les intérêts divers du président de la FNSEA.

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