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Transports

À Lille, une manif à vélo contre les avions

L'aéroport de Lille prévoit d'accueillir 3,5 millions de passagers par an à l'horizon 2040 contre 2,2 millions en 2019.

Les militants contre l’agrandissement de Lille-Lesquin organisent une mobilisation samedi 13 mai. Ils rappellent qu’il n’y a pas de moratoire sur les extensions d’aéroport en France.

Des vélos contre des avions. Samedi 13 mai, l’association Nada Lille (Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille) organise une mobilisation à pied et à bicyclette pour obtenir l’abandon du projet d’extension de l’aéroport, la mise en place d’un couvre-feu et le plafonnement du nombre de vols. Cette action s’inscrit dans le cadre d’une semaine de mobilisation internationale coordonnée par l’Union européenne contre les nuisances aériennes (UECNA), qui regroupe des collectifs de riverains. Ces habitants, au départ axés sur les dégâts causés par le bruit, se sont unis aux écologistes. « Il s’agit d’une alliance inédite entre les riverains qui luttent contre les pollutions et les impacts sur la santé, et les collectifs écologistes qui demandent une réduction du trafic », explique Charlène Fleury, coordinatrice du réseau Rester sur Terre.

L’aéroport de Lille prévoit d’accueillir 3,5 millions de passagers par an à l’horizon 2040 contre 2,2 millions en 2019. Pour absorber cette hausse, une nouvelle aérogare doit être construite pour augmenter sa superficie de 60 %.

Lille est loin d’être la seule ville avide d’avions. Montpellier, Nice, Marseille... Près d’une quinzaine de collectifs se battant contre les extensions d’aéroports sont recensés sur notre carte des luttes. En 2021, Greenpeace avait calculé que tous ces projets d’agrandissement représenteraient « l’équivalent d’au moins deux, voire de cinq aéroports Notre-Dame-des-Landes ».

Le bruit des avions : une question de santé publique

En 2019, la Convention citoyenne pour le climat (CCC) avait bien proposé l’instauration de moratoires. Cette proposition, comme bien d’autres, a été jetée aux oubliettes. La loi Climat, censée traduire législativement les mesures de la CCC, stipule que les aéroports n’ont plus le droit d’exproprier pour récupérer du foncier, sauf en cas de déclaration d’utilité publique. « La plupart disposent déjà de bien assez de foncier et ne sont pas concernés. Cette loi ne sert à rien », se désole Charlène Fleury.

Les riverains et les écolos ne sont pas les seuls à se mobiliser sur le sujet. Le 9 mai dernier, plusieurs centaines d’élus ont manifesté devant le ministère des Transports, demandant à rencontrer Clément Beaune. Le ministre leur a promis d’étudier des scénarios de plafonnement des vols comme à l’aéroport d’Amsterdam Schiphol, qui a décidé de limiter son trafic à 440 000 vols annuels, contre une capacité de 500 000 vols avant la pandémie.

Le 9 mai, plusieurs centaines d’élus ont manifesté devant le ministère des Transports. © Benoît Derouet / Alternatiba

Clément Beaune a en revanche refusé d’évoquer la question d’un éventuel couvre-feu. Pourtant, le bruit des avions n’est pas seulement une question de confort auditif, mais un problème de santé publique. Les riverains subissent des troubles du sommeil et cognitifs, de l’hypertension et des maladies cardiovasculaires. Son coût social a été estimé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) à 6,1 milliards d’euros par an

Côté pollution de l’air, le bilan n’est pas vraiment reluisant. Certains avions brûlent toujours de l’essence au plomb, interdite depuis vingt ans pour les voitures. En 2019, l’aviation était responsable de 6,4 % des émissions carbone en France en 2019, en augmentation de 4,2 % par rapport à l’année précédente, selon le ministère.

Lire aussi : Le bruit détruit plus la santé que la pollution de l’air

En dépit d’effets sanitaires et environnementaux catastrophiques, l’industrie du transport aérien se porte au mieux et s’attend à ce que le nombre total de voyageurs aériens atteigne 4 milliards en 2024, dépassant les niveaux d’avant le Covid. « Ce modèle économique qui vise à faire doubler le trafic tous les 15 à 20 ans n’est pas tenable », dit Charlène Fleury. Elle assure que tous les collectifs vont poursuivre leurs mobilisations et les recours en justice pour tenter de freiner cette course infinie.

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