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À Poitiers, Mélenchon se met à l’eau pour parler sécheresse

Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la Nouvelle union populaire écologique et sociale pour les législatives à Poitiers (Vienne).

Jeudi 2 juin, Jean-Luc Mélenchon, d’autres élus de la Nupes et des militants ont traversé à pied le Clain, à Poitiers (Vienne). Cette rivière en souffrance est un symbole de la crise de l’eau.

Poitiers (Vienne), reportage

Si vous rêviez de voir Jean-Luc Mélenchon avec ses plus belles bottes de pluie aux pieds – et Julien Bayou en sandales d’eau aux lacets orange fluo — c’était la journée à ne pas manquer. Jeudi 2 juin, après un meeting à Paris la veille, le chef de file de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) pour les législatives des 12 et 19 juin était à Poitiers (Vienne). Au programme, sous un soleil de plomb : la traversée à pied d’une rive à l’autre de la rivière du Clain. Une respiration bucolique avant d’aborder la bataille du « troisième tour » ? S’il a en effet enchaîné les blagues — « Bayou, à la flotte ! » a-t-il lancé, taquin, au secrétaire national des Verts —, le leader insoumis était surtout là pour évoquer un sujet sérieux : la crise de l’eau. Une thématique souvent abordée dans sa campagne de l’élection présidentielle, où il a terminé en troisième position (22 %). Et qui est aussi largement présente dans le programme commun de la Nupes (qui regroupe La France insoumise [LFI], Europe Écologie-Les Verts [EELV], le Parti socialiste [PS] et le Parti communiste [PC]). Objectif : « faire de l’eau un enjeu central pour l’humanité ».

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Ce déplacement n’a pas été choisi au hasard : les écologistes poitevins organisent des traversées de ce type depuis 1989 afin de montrer les effets du réchauffement climatique. Sécheresse oblige, ce cours d’eau est traversable à pied de plus en plus tôt tous les ans. Comme le souligne France 3, en 2017, cette traversée ne pouvait se faire à pied qu’à partir d’août ; en 2022, c’était dès le 21 mai. Accompagné de Julien Bayou donc, de la maire EELV de Poitiers, Léonore Moncond’huy, de la numéro 2 du PS, Corinne Narassiguin, et de Yannick Nadesan, adjoint PC à la santé à la mairie de Rennes, celui qui se rêve Premier ministre a fendu la rivière d’un pas décidé. À leurs côtés, une cinquantaine de militants, issus de la Nupes ou du collectif Bassines non merci, criaient « l’eau est un bien commun, protégeons-la ».

L’agriculture et la centrale nucléaire de Civaux gourmandes en eau

Un slogan que Jean-Luc Mélenchon a applaudi avec enthousiasme — la Nupes entend mettre en œuvre une gestion 100 % publique de l’eau, tout en rendant gratuits « les mètres cubes indispensables à la vie digne ». Il a ensuite longuement développé, lors d’un point presse où se sont également exprimés les candidats Nupes de la Vienne pour les législatives, ses réflexions quant à « l’urgence » que représente cette crise de l’eau. « Un quart des départements français sont d’ores et déjà soumis à des restrictions d’eau, et 60 % des nappes phréatiques ne sont pas au niveau auquel elles devraient être aujourd’hui », a-t-il rappelé. Le Clain en est un exemple frappant : des arrêtés préfectoraux ont été pris afin de restreindre l’usage de l’eau dans le département, qui souffre depuis août 2021 d’un « très fort déficit de pluie » et d’un « faible taux de recharge des nappes souterraines ». « Trois usages de l’eau contribuent à la tension autour de cette question dans la Vienne : l’agriculture, la centrale nucléaire de Civaux, et, dans une part beaucoup plus faible, les usages domestiques », a dit Léonore Moncond’huy.

Julien Bayou, après avoir expliqué le principe de « règle verte » qu’ils souhaitent inscrire dans la Constitution — « ne pas prendre à la nature davantage qu’elle ne peut reconstituer » —, a évoqué le « choix de civilisation » qui se présente aux citoyens pour les législatives. À l’heure où l’agriculture est le secteur qui consomme le plus d’eau dans l’Union européenne, le leader Insoumis a, lui, longuement insisté sur la nécessité de transformer notre modèle agricole, le tout sans pénaliser financièrement les travailleurs de la filière (fin des fermes usines dont les productions « rendent malades » les consommateurs et la planète, reprise des dettes agricoles des paysans convertis au 100 % bio…). « On ne peut pas continuer comme cela », a-t-il dit à plusieurs reprises, soucieux par ailleurs de donner de l’espoir aux nombreux jeunes gens venus l’écouter. Présageant que ces législatives allaient déboucher sur « de belles surprises », il a lancé : « Parfois, j’ai le cœur qui se serre : je suis vieux comme vous le savez, j’ai donc connu un autre monde. Il était fameusement beau, et je voudrais vraiment que, vous aussi, vous ayez un super beau monde à votre tour. »

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