À Rouen, Castex relance le projet d’autoroute

À Rouen, lundi 20 décembre 2021. - © Laury-Anne Cholez/Reporterre
À Rouen, lundi 20 décembre 2021. - © Laury-Anne Cholez/Reporterre
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Luttes Étalement urbainLes opposants au contournement est de Rouen pensaient le projet abandonné. Mais il vient d’être relancé par Jean Castex. Les militants se sont donc retrouvés pour réaffirmer leur opposition à ce projet qu’ils estiment climaticide.
Rouen (Seine-Maritime), reportage
Ils avaient crié victoire trop vite. Lundi 20 décembre, les militants contre le contournement est de Rouen se sont retrouvés pour s’opposer à la relance de ce projet par Jean Castex. Le Premier ministre avait en effet annoncé cinq jours plus tôt le démarrage de la procédure de désignation du concessionnaire de cette autoroute.

Les opposants pensaient pourtant en avoir fini avec cette autoroute en février dernier, lorsque la métropole de Rouen s’était désengagée financièrement du dossier. Mais la région Normandie et le département de la Seine-Maritime ont sorti leur chéquier pour compenser ce retrait. « Pourquoi le département vient-il financer ce projet qui n’est pas du tout dans ses compétences, interroge Christiane Poupin, membre du collectif Non à l’autoroute A133-A134. Je pensais brûler mes pancartes pour célébrer notre victoire plutôt que de les ressortir pour une nouvelle manifestation. » À ses côtés, environ 150 personnes ont défilé devant le siège de la région Normandie avant de cheminer vers celui du conseil départemental de Seine-Maritime. Les drapeaux du syndicat FSU, des associations XR et Alternatiba flottaient dans les airs. « Je ne comprends pas du tout cette annonce de Jean Castex, déplore Stéphanie Cubaud, membre du collectif non à l’autoroute A133-A134 depuis 25 ans. Car Barbara Pompili avait dit qu’elle n’irait pas contre la volonté des collectivités locales. »

Pourquoi un tel empressement à construire une nouvelle autoroute payante, longue de 41 kilomètres pour un budget prévisionnel d’environ 1 milliard d’euros ? Dans le cortège chacun tente une analyse. « C’est pour embêter le maire socialiste, Nicolas Mayer-Rossignol, qui est le “monsieur écologie” d’Anne Hidalgo », assure Francis Bia, membre de France Nature Environnement (FNE) et du collectif contre l’autoroute. « Le gouvernement se dit peut-être que c’est le dernier gros projet routier qu’ils pourront faire passer avant les élections », pense Christine Poupin.
Dans tous les cas, ce déni de démocratie a réussi à mobiliser une belle petite foule, malgré le froid et les vacances scolaires. « Depuis la catastrophe de Lubrizol, les gens se sont réveillés sur la cause écolo. Et puis, nous avons aussi la lutte contre un centre Amazon qui est très vivace, » raconte Renaud, un militant local.

En tête de cortège, Titouan, 18 ans et Jeanne, 16 ans, écrivent à la craie sur le sol « Vos bulldozers brûleront ». Un slogan en guise d’avertissement selon ces membres de Youth For Climate. « Ce qu’on a appris ces derniers mois, c’est qu’il fallait arrêter de demander gentiment les choses, car les élus ne nous écoutent pas. Alors on veut leur mettre un coup de pression », dit Titouan.
À la fin de la mobilisation, les organisateurs se sont donné rendez-vous le 8 janvier pour discuter des futures mobilisations et modes d’action afin de venir à bout de ce projet autoroutier.
