À Toulouse, la lutte pour l’eau rejoint celle contre l’A69

La flotte de canoës à son arrivée à Toulouse sur la Garonne. - © Justin Carrette / Reporterre
La flotte de canoës à son arrivée à Toulouse sur la Garonne. - © Justin Carrette / Reporterre
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Face aux gravières qui menacent l’eau d’Ariège et l’A69 dont la construction requiert leurs matériaux, des manifestants sont arrivés à Toulouse en canoë, dimanche 24 septembre.
Toulouse (Haute-Garonne), reportage
« Bientôt plus d’eau potable, mais de belles autoroutes. » Ce dimanche vers midi, sur l’île du Ramier à Toulouse, une cinquantaine de personnes patientent, perchées sur la passerelle de la Poudrerie. Quelques minutes s’écoulent avant qu’elles aperçoivent la flotte de sept canoës et kayaks qui glissent sur la Garonne, harnachés de grands drapeaux. « Ni A69, ni gravières », peut-on lire sur l’un deux. Sur la passerelle, le comité d’accueil donne de la voix pour soutenir les pagayeurs.
Parties jeudi de Saverdun en Ariège, les embarcations ont rejoint Toulouse ce dimanche dans le but d’alerter la population et les pouvoirs publics sur la situation de la nappe phréatique ariégeoise. Cette ressource en eau est menacée par les nombreuses gravières du département qui extraient plus d’1,4 million de tonnes de granulats chaque année.

Sur la berge, les prises de paroles s’enchaînent pour témoigner de la problématique des gravières en Ariège, mais également pour rappeler le lien avec d’autres luttes, notamment celle contre l’A69. La construction de l’autoroute entre Toulouse et Castres va en effet nécessiter l’extraction de 2,6 millions de tonnes de granulats.
« S’il n’y a pas de gravières, il n’y a pas d’autoroute »
« C’est simple, s’il n’y a pas de gravières, il n’y a pas d’autoroute », lance Agnès Leclerc, membre du collectif Stop Gravières. « On extrait déjà 1,4 million de tonnes de granulats par an des gravières en Ariège, l’autoroute nécessite donc quasiment deux années complètes d’extraction. »

Ce projet autoroutier, comme celui de la Ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse, repose sur l’exploitation massive des carrières. « Ce sont des projets qui ne bénéficient même pas au territoire », poursuit Agnès Leclerc, « il n’y a aucune retombée pour nous si ce n’est la destruction et la pollution de la nappe phréatique. »
Pour Alice Carret et Régis Godec, tous deux cosecrétaires régionaux à Europe Écologie-Les Verts, « on nous vend le développement économique du bassin castrais pour justifier l’A69, mais la réalité c’est que la construction de cette autoroute va nécessiter l’exploitation accrue des gravières ariégeoises, en causant de nombreux préjudices à ce territoire. On développe un territoire pour en sacrifier un autre, cela n’a pas de sens », déclarent-ils à Reporterre en marge du rassemblement.

Le Schéma régional des carrières prévoit l’extension, le renouvellement et la création de nouvelles carrières en Occitanie, explicitement pour assurer la réalisation de grands projets comme l’A69 ou la LGV Bordeaux-Toulouse. Une situation alarmante pour les militants ariégeois, qui dénoncent les nombreux effets néfastes des gravières tels que l’artificialisation de terres agricoles, l’évaporation de l’eau, la pollution de la nappe, les ballets incessants de camions, etc.
« On veut de l’eau, pas des autos ! »
En début d’après-midi, un cortège d’une centaine de personnes se forme pour rejoindre l’Hôtel de région à Toulouse. « On veut de l’eau, pas des autos ! » entend-on en tête de la manifestation. De nombreux militants, engagés dans la lutte contre l’A69 sont présents.

C’est le cas de Cendrine Froment, la référente du Groupe National de Surveillance des Arbres à Toulouse. « Le lien entre nos luttes est évident, on se bat pour sauver le vivant, que ce soit la nappe phréatique, les platanes qui sont menacés ou les 300 hectares qui vont être artificialisés par l’autoroute. On est là aussi pour soutenir les huit grévistes de la faim qui se battent pour l’arrêt des travaux de l’A69. »
Arrivés à l’Hôtel de région, de nouvelles prises de paroles sont organisées. Entre les banderoles contre l’A69, pour la préservation de l’eau et contre les gravières, Geneviève Azam, économiste et chercheuse à l’Université de Toulouse fait une brève intervention : « Ce qu’on voit là ce n’est pas la convergence des luttes, c’est le même combat ! »
