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Baisse des émissions de CO2 : l’opération de communication du gouvernement dénoncée

Dimanche 7 février 2020, dans un communiqué de presse, le ministère de la Transition écologique s’est félicité de la baisse des émissions de CO2. « La France a réduit de -1,7 % ses émissions de gaz à effet de serre en 2019 par rapport à 2018, un résultat supérieur aux objectifs fixés dans la Stratégie nationale bas carbone », a ainsi annoncé le gouvernement avant d’ajouter que « le combat mené depuis le début du quinquennat pour lutter contre le dérèglement climatique commence à porter ses fruits ».

Sur Twitter, Emmanuel Macron a repris ces conclusions, vantant « le résultat d’une écologie du concret et du progrès ».

L’opposition et les écologistes ont dénoncé cette séance d’auto satisfaction et accusé l’exécutif de se livrer à un « exercice de pure communication ». En effet, les objectifs inscrits dans la stratégie nationale bas carbone, ainsi que tous les objectifs climatiques de la France, avaient été révisés à la baisse en janvier 2020. Dans le texte révisé, le gouvernement relevait le budget carbone pour la période 2019-2023 à 422 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne par an, contre 398 millions prévus initialement en 2015, pour permettre à la France d’émettre plus de CO2 que prévu.

Dès dimanche, les réactions ont été nombreuses. Le député Mathieu Orphelin a critiqué la manœuvre politicienne de l’exécutif.

« Rappels : 2018, baisse principalement due à un hiver doux ; 2019 : objectif de -2,2 % ramené à 1,5 % ; 2020 : baisse due au Covid. J’ai quitté LREM [La République en marche] il y a deux ans jour pour jour. Jamais regretté cette décision », a-t-il encore tweeté.

« De quoi se félicitent Emmanuel Macron et Barbara Pompili aujourd’hui ? D’avoir atteint en 2019 une baisse de 1,7 %, soit à peine plus que leur pauvre objectif revu largement à la baisse il y a à peine d’un an. Ce qu’ils omettent de dire, bien sûr. Ainsi que de préciser que ce résultat est largement dû à l’hiver très doux que la France a connu sur l’hiver 2018-2019. Cette communication est donc à la fois mensongère et grotesque », a écrit l’économiste Maxime Combes sur son blog.

« Moche de tronquer la vérité et de ne pas indiquer que l’objectif 2019 a été modifié début 2020 pour être rendu plus facile à atteindre (avec la révision de la SNBC). L’objectif initial était une baisse de 2,3 %. Reporter les baisses à plus tard n’est pas responsable », a réagi sur Twitter la coordinatrice des opérations au Réseau Action Climat Anne Bringault.

Et le journaliste Hugo Clément a pointé l’hypocrisie de cette séquence. « C’est un peu comme si je me déclarais très satisfait de mes performances en saut en hauteur après m’être fixé un objectif de 25 centimètres », a-t-il écrit sur Twitter.

Cette annonce intervient alors que le projet de loi climat du gouvernement, inspiré des propositions de la Convention citoyenne sur le climat, doit être présenté en conseil des ministres mercredi 10 février 2021. Lundi 8 février, un rapport de l’Observatoire des multinationales, analysé par Reporterre, expliquait comment les lobbies avaient torpillé le travail des membres de la convention.

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