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Encore un réacteur arrêté, la France privée de 10 % de sa capacité nucléaire

Wikimedia / CC BY-SA 3.0 / Mossot

Et un troisième réacteur de 1 450 mégawatts (MW) en rade. Jeudi 6 janvier, EDF a indiqué qu’elle prolongeait de trois mois l’arrêt du réacteur n°2 de la centrale de Chooz (Ardennes). Ceci parce qu’elle y a détecté la même dégradation du circuit d’injection de sûreté que sur les réacteurs 1 et 2 de Civaux (Vienne).

Cette série a débuté le 21 octobre, quand EDF a annoncé à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avoir découvert un problème de corrosion et de fissuration sur la tuyauterie reliant le circuit d’injection de sûreté au circuit primaire du réacteur 1 de Civaux. Le circuit d’injection de sûreté est un dispositif de secours d’une importance extrême dans certaines situations accidentelles. « Le cœur du réacteur est normalement refroidi par l’eau qui circule dans le circuit primaire du réacteur. En cas de brèche sur le circuit primaire, celui-ci va progressivement se vidanger, et ne pourra à terme plus assurer sa fonction de refroidissement du cœur, avait expliqué l’ASN à Reporterre. Dans une telle situation, le circuit d’injection de sécurité permet d’injecter de l’eau borée dans le circuit primaire, afin de continuer à refroidir le cœur et, par l’effet du bore, d’étouffer la réaction nucléaire. » S’il ne fonctionne pas, la situation peut dégénérer jusqu’à la fusion du cœur — le scénario des pires accidents nucléaires jamais enregistrés à Fukushima au Japon en 2011, à Tchernobyl en URSS en 1986 et à Three Mile Island aux États-Unis en 1979.

Lire aussi : Corrosion et fissures : les quatre plus gros réacteurs nucléaires français à l’arrêt

Après cette découverte, EDF a arrêté Civaux 1 et envoyé les tuyauteries dégradées au laboratoire pour expertise. Elle a également mis hors service les trois autres réacteurs de 1 450 MW du parc nucléaire français, Civaux 2, Chooz 1 et Chooz 2, pour vérifier leurs installations. Bien lui en a pris : Civaux 2 et désormais Chooz 2 ont révélé la même défaillance du circuit d’injection de sûreté. « Les contrôles et expertises réalisés sur les portions de tuyauterie du circuit d’injection de sécurité du réacteur n°2 de Chooz ont permis de confirmer qu’il s’agit du même type de défauts que ceux identifiés à Civaux », a indiqué jeudi 6 janvier un porte-parole d’EDF à l’AFP. Reste à savoir si Chooz 1 restera épargné. « Les analyses des contrôles et expertises sont toujours en cours sur le réacteur n°1 de Chooz », a encore précisé le groupe.

La France privée de près de 10 % de sa capacité nucléaire

Si Chooz 1 doit théoriquement être reconnecté au réseau le 23 janvier, Civaux 1, Civaux 2 et Chooz 2 ne pourront recommencer à fonctionner qu’entre fin mars et fin avril. Ces indisponibilités des quatre réacteurs les plus récents et les plus puissants tombent au plus mal, en privant la France de près de 10 % de sa capacité nucléaire au moment où elle a le plus besoin d’électricité. Le 30 décembre dernier, le gestionnaire du réseau haute tension RTE a a alerté sur les tensions d’approvisionnement pour janvier et février, en raison notamment d’une disponibilité du parc nucléaire « en deçà des minima historiques ». Une situation qui a conduit le gouvernement à publier un projet d’arrêté renforçant le recours aux deux dernières centrales à charbon françaises pour passer l’hiver.

Lire aussi : Les centrales à charbon à la rescousse pour passer l’hiver

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