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En brefÉnergie

Les centrales à charbon à la rescousse pour passer l’hiver

La centrale thermique Émile Huchet, à Saint-Avold (Moselle).

La France va se rabattre sur le charbon pour éviter le black-out, alors que l’approvisionnement électrique s’annonce très tendu cet hiver. C’est ce qu’a annoncé le gouvernement mercredi 5 janvier.

Problème, la loi Énergie et climat de 2019 a imposé aux centrales électriques un plafond d’émissions de CO2 à ne pas dépasser. Ce plafond, fixé par décret, était censé baisser jusqu’à aboutir à la fermeture de toutes les centrales à charbon françaises en 2022 — une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. La limite actuelle d’émissions équivaut à 700 heures de fonctionnement des deux dernières centrales à charbon encore en service, Saint-Avold (Moselle) et Cordemais (Loire-Atlantique). Pour contourner cet obstacle, le ministère de la Transition écologique a mis en consultation jusqu’au 20 janvier un projet de décret permettant de relever temporairement ce plafond à 1 000 heures entre le 1er janvier et le 28 février 2022.

Cette mesure « ne change pas le calendrier de fermeture des centrales à charbon », a toutefois indiqué le ministère à l’AFP. « Les centrales du Havre et de Gardanne ont déjà été fermées et celle de Saint-Avold fermera comme prévu au printemps 2022 », a-t-il encore précisé. La centrale de Cordemais, elle, devrait continuer de fonctionner jusqu’en 2024, le temps que l’EPR de Flamanville entre en service.

Lire aussi : M. Macron piétine de nouveau une promesse : la centrale de Cordemais ne fermera pas en 2022

Cette décision intervient alors que le gestionnaire du réseau haute tension RTE a alerté le 30 décembre dernier sur un risque pour l’approvisionnement électrique cet hiver. « Le recours à des moyens “post marché” (interruption de grands consommateurs industriels, baisse de la tension sur les réseaux de distribution) serait probable en cas de vague de froid (de l’ordre de 4 °C en dessous des normales) ou de situation de très faible production éolienne sur la plaque européenne, et quasi certain si ces deux facteurs se combinent », a écrit le gestionnaire dans sa note envoyée à la presse.

Entre autres causes de cette pénurie, le grand nombre de réacteurs nucléaires actuellement à l’arrêt. « La disponibilité d’ensemble du parc se situe ainsi, depuis plusieurs semaines, en deçà des minima historiques », a écrit RTE. Les quatre réacteurs les plus puissants de France sont en effet à l’arrêt depuis le 15 décembre dernier, suite à la découverte de problèmes de corrosion et de fissures sur deux d’entre eux. Cela « prive le système électrique d’une puissance pilotable de 4,5 GW par rapport à la capacité attendue au cours du mois de janvier », a calculé RTE : « La disponibilité prévisionnelle du parc nucléaire français est désormais évaluée par RTE dans une fourchette comprise entre 43 et 51 GW pour la majeure partie de janvier : il s’agit du niveau le plus bas jamais atteint pour le parc nucléaire à cette période de l’année. »

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