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En brefAgriculture

Grippe aviaire : 2,5 millions de volailles abattues en France

« Dépeuplement préventif » : c’est l’euphémisme employé par le ministère de l’Agriculture pour désigner l’abattage massif de volailles qui va débuter cette semaine dans le Sud-Ouest. 1,3 million de canards, mais également des poules, des poulets ou des pintades seront tuées dans les trois prochaines semaines, en plus des 1,2 million de volatiles déjà abattus. Objectif : contrer la progression de la grippe aviaire, qui touche à ce jour 231 foyers.

« L’idée est de faire un vide sanitaire dans les zones les plus touchées, dans les Landes, le Gers et les Pyrénées-Atlantiques, a précisé une source ministérielle lors d’un point presse sur le sujet, jeudi 20 janvier. Les dépeuplements visent à assainir la zone. » Afin de mener à bien cette opération d’envergure — 230 exploitations sont concernées — des abattoirs seront réquisitionnés, et des étudiants en école vétérinaire appelés en renfort. Le gouvernement a déjà mis sur la table 36 millions d’euros d’aides sanitaires et 52 millions d’aides économiques ; d’autres indemnisations sont prévues.

Le ministère a assuré que cette décision avait été prise « en concertation avec la profession ». Autrement dit : en accord avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le syndicat majoritaire. Dans un communiqué publié le 19 janvier, la Confédération paysanne et le Modef — deux syndicats minoritaires — ont critiqué cette stratégie « court-termiste » : au total, « 2,5 millions d’animaux seront abattus, ont dénoncé les deux organisations. La seule option pour l’industrie avicole est-elle de réaliser un vide sanitaire annuel de plusieurs mois, aux frais du contribuable ? »

Des vaccins bientôt expérimentés

Pour faire face à cette maladie infectieuse qui revient chaque année depuis plus de quatre ans, les deux syndicats préconisent de « changer structurellement la production avicole ». Et en premier lieu, « questionner la densité », c’est-à-dire réduire la concentration des volailles dans les élevages industriels. Lueur d’espoir, cette « baisse de la densité » a été mise en place, sur la base du volontariat, dans certaines zones, et semble fonctionner : « La diminution de la densité est une des mesures qui a porté ses fruits », a reconnu le ministère de l’Agriculture, tout en restant extrêmement prudent sur un éventuel déploiement de la mesure : « Cela doit faire l’objet d’une réflexion des professionnels, car il y a un enjeu économique fort derrière. »

Quant à l’élevage en plein air, très fragilisé par l’obligation d’enfermement des volatiles décrétée pour lutter contre l’infection, le ministère n’a pas modifié d’un iota sa position : « Ce qui est sûr, c’est que les mesures prises ont permis de ralentir la diffusion du virus, y affirme-t-on. Il n’y a pas de raison de penser que l’élevage en plein air garantirait de ne pas être touché par le virus. »

Pour sortir de cette crise récurrente, le gouvernement paraît plutôt tabler sur la vaccination. « Alors qu’on a énormément investi sur les mesures de biosécurité, demain il nous faut pouvoir nous battre contre ce virus avec l’aide du vaccin, j’en ai l’intime conviction », a déclaré le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, le 17 janvier. Deux vaccins devraient donc être expérimentés « dans les toutes prochaines semaines ».

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