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Climat

Italie : face au chaos climatique, « le gouvernement Meloni doit sortir du silence »

Les pompiers tentent d'éteindre les incendies à Campo Calabro, en Calabre (Italie), le 24 juillet 2023.

Alors que des tempêtes ont ravagé le nord de l’Italie, le sud du pays lutte contre des incendies. Face à ces événements extrêmes, la politique jongle entre incohérences et absence de stratégie.

Milan (Italie), correspondance

L’Italie est coupée en deux. Depuis mardi 25 juillet, une grande partie du sud de la botte lutte contre des incendies, favorisés par le vent et les températures qui ont encore frôlé 48 °C par endroits. Cinq personnes sont mortes. Et en Sicile, au moins deux mille ont été évacuées.

Au nord, la situation est inverse. Des tempêtes se sont abattues de la Lombardie à la côte adriatique, atteignant leur apogée dans la nuit de lundi à mardi. Le vent soufflant à plus de 100 km/h et des grêlons mesurant jusqu’à dix centimètres de diamètre (contre cinq à cinquante millimètres généralement) ont provoqué de nombreux dégâts.

Un plan d’aide jugé insuffisant

À Milan et dans ses alentours, des toits ont été arrachés, plusieurs centaines d’arbres sont tombés, écrasant des maisons, des voitures et provoquant la mort de deux personnes. « Je ne marche plus sous les arbres », confie inquiète Michela, une habitante de Monza de 33 ans. « En 65 ans, je n’avais jamais vu ça », s’est désolé Beppe Sala, le maire de la capitale lombarde. « On savait que [mardi] serait une journée difficile, a réagi le jour même la Première ministre, Giorgia Meloni, affirmant suivre de près l’évolution de la situation. Tous les pompiers sont mobilisés, aucun n’est parti en congé. »

Si l’exécutif assure avoir la situation en main, la réponse politique donne pourtant l’impression de ne pas être à la hauteur des enjeux. Alors que la vague de chaleur a déferlé sur l’Italie dès le 16 juillet, un décret vient seulement d’être approuvé mercredi 26 pour protéger les ouvriers et travailleurs agricoles. Un texte tardif, mais surtout jugé insuffisant par les syndicats, notamment car il ne prend pas en compte les travailleurs saisonniers et à temps déterminé.

Dans la foulée, Giorgia Meloni a promis un plan national sur les risques hydrogéologiques. « On ne peut pas se limiter à des états d’urgence », a-t-elle déclaré. C’est pourtant ce que reprochent les écologistes à ce gouvernement, comme à ceux qui l’ont précédé : un manque de stratégie à moyen et long termes. « Ce n’est pas la première fois qu’on fait face à une vague de chaleur et à des intempéries, pourtant à chaque fois on est en état d’urgence et on dirait qu’on ne sait pas quoi faire », déplore Andrea Minutolo, responsable scientifique au sein de l’association Legambiente.

« Le gouvernement Meloni doit sortir du silence ! »

En Italie, la proposition de plan d’adaptation au climat est au point mort depuis 2018. Ce texte doit prévoir des actions pour limiter les conséquences du changement climatique et les dégâts liés. En décembre dernier, Gilberto Pichetto Fratin, le ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, a relancé les consultations. Mais depuis, plus rien. « Le gouvernement Meloni doit sortir du silence et dire quand elle compte approuver le plan ! » a exigé Legambiente le 22 juillet.

Ces derniers jours, l’exécutif multiplie toutefois les déclarations pour montrer qu’il mesure l’enjeu. « Les effets de la tropicalisation de notre climat changent tout. Des interventions structurelles sont nécessaires pour renverser la situation », a reconnu le 23 juillet Gilberto Pichetto Fratin. Une déclaration qui contrastait avec sa promesse de la veille « d’extraire du gaz italien » dans la mer Adriatique.

« Ce sont deux choses qui ne vont pas ensemble ! L’Italie doit choisir de quel côté elle veut être, car la planification doit porter à des décisions qui vont toutes vers le même objectif », dit Andrea Minutolo.

« C’est comme si le gouvernement ne voyait pas le lien entre le court et le long termes », commente Chiara Di Mambro, responsable de la politique de décarbonation au sein du groupe de réflexion Ecco. Ce dernier a passé au crible le plan italien énergie-climat (PNEC), déposé mi-juillet auprès de la Commission européenne. Sa première critique : l’absence d’une stratégie italienne pour sortir des énergies fossiles. Malgré les engagements européens.

« Dans les discussions tout le monde est d’accord, puis chacun veille à ses intérêts. Et malheureusement, il y a trop d’intérêts à conserver le statu quo sur la question énergétique », conclut amèrement Andrea Minutolo.

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