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Journalistes agressées : l’agriculteur condamné à 1000 euros d’amende

Les journalistes pour le magazine « Envoyé spécial » diffusé sur France 2 agressés par un agriculteur.

Le tribunal de police de Tarascon (Bouches-du-Rhône) a reconnu coupable Didier Cornille, gros agriculteur de la région, de « violence n’ayant entraîné aucune interruption temporaire de travail », nous apprend France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Il avait agressé, en septembre 2020, deux journalistes d’« Envoyé spécial » ainsi que la journaliste locale qui leur servait de guide. Ils enquêtaient sur les conditions de travail et d’hébergement des travailleurs d’origine étrangère. Alors que les journalistes cherchaient à savoir si une des propriétés de M. Cornille abritait certains de ces travailleurs, l’agriculteur leur avait foncé dessus avec son pick-up, et avait tenté d’arracher sa caméra au journaliste reporter d’images.

Seuls les deux journalistes d’« Envoyé spécial » avaient porté plainte, la journaliste locale ayant préféré rester anonyme, par crainte pour elle et sa famille.

M. Cornille a été condamné à 1 000 euros d’amende, ainsi qu’à verser aux deux journalistes des indemnités de respectivement 1 000 euros pour le cameraman et 700 euros pour la rédactrice, ainsi que 1 euro chacun au titre du préjudice moral. Les syndicats de journalistes SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes s’étaient également portés partie civile au procès.

« Propriétaire de 3 000 hectares entre le Gard et les Bouches-du-Rhône, Didier Cornille est à la tête de vingt entreprises agroalimentaires et immobilières, rappellent les syndicats dans leur communiqué. Plus important saladiculteur d’Europe, il est le principal client de l’entreprise d’intérim espagnole Terra Fecundis et fournisseur numéro 1 de logements pour ses intérimaires. Terra Fecundis a été lourdement condamnée en juillet dans une procédure distincte pour travail dissimulé et marchandage de main-d’œuvre commis en bande organisée. »

Cette décision de justice « montre que l’on ne peut pas taper sur des journalistes impunément », a estimé le cameraman Thomas Guery auprès de France 3.

« Pour la profession, cette décision judiciaire est une victoire sur tous ceux qui voudraient empêcher les journalistes de faire leur métier, d’enquêter sur le terrain, de croiser leurs sources et de jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir démocratique », ont ajouté les syndicats.

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