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Énergie

La Chine ne construira plus de centrales à charbon à l’étranger

Le président chinois lors de la 76e Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies.

Le président Xi Jinping a annoncé lors de l’Assemblée générale des Nations unies que la Chine ne construira plus de nouvelles centrales à charbon à l’étranger. « Elle ne doit pas pour autant s’abstenir de prendre des mesures audacieuses sur son propre sol », commentent les écologistes.

« La Chine ne construira pas de nouvelles centrales à charbon à l’étranger », a assuré, le 21 septembre, le président chinois Xi Jinping lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies. Dans son discours, il a également réitéré sa promesse de 2020, annoncée à la même tribune : le pays atteindra la neutralité carbone d’ici à 2060 et son pic d’émissions de CO2 avant 2030. « La Chine va renforcer son soutien aux autres pays en développement pour qu’ils développent des énergies vertes et faibles en carbone », a poursuivi le président dans une allocution préenregistrée.

La lutte contre le changement climatique ne pourra pas se faire sans la Chine, premier pays émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. 39 % de ses émissions proviennent de sa production d’énergie, et malgré un boom considérable de l’électricité renouvelable et nucléaire, le charbon représente encore 65 % de son mix électrique. En plus de ses propres centrales, la Chine est le premier pays investisseur dans le charbon à l’étranger. Selon le Boston University Global Development Policy Center, entre 2013 et 2019, les institutions chinoises (dont les banques publiques et privées, ainsi que des entreprises), ont participé à financer l’équivalent de 68,8 gigawatts (GW) de production électrique issue du charbon à l’étranger. Sur ceux-ci, 32 GW sont déjà en opération, et 37 GW en planification ou en construction. La plupart de ces projets se trouvent en Indonésie, au Vietnam, au Pakistan, en Inde, au Bangladesh et en Afrique du Sud. Ils ont été majoritairement mis sur table dans le cadre du projet d’investissement chinois des « nouvelles routes de la soie ».

« L’engagement de la Chine à mettre fin à son soutien au charbon à l’étranger montre que le charbon n’a pas d’avenir en Europe et dans le monde », s’est réjoui Wawa Wang — directeur de programme au Just Finance International, qui suit de près les projets liés au charbon dans le cadre des « nouvelles routes de la soie » en Europe — interrogé par le site Europe beyond coal. « Maintenant que les principaux gouvernements du monde ont montré l’exemple en bannissant les projets de centrales au charbon à l’étranger, il est temps que le secteur privé – qui finance 87 % du charbon à l’étranger – emboîte le pas. Nous n’atteindrons pas nos objectifs en matière de climat et de développement si le secteur privé continue de financer le charbon à l’extérieur tandis que les principaux gouvernements ont arrêté », a pour sa part commenté Kevin P. Gallagher, directeur du Global Development Policy Center à l’Université de Boston.

Une mine de charbon en Mongolie-Intérieure, en Chine (2005). Wikimedia / CC BY 2.0 / Herry Lawford

L’annonce de Xi Jinping est source d’espoir alors que la COP26, conférence des parties signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, approche. Lors de ce sommet international, qui se tiendra à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021, les États sont invités à rehausser leurs objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, comme ils s’y étaient engagés dans l’Accord de Paris. La déclaration du leader chinois soulève toutefois « beaucoup de questions », a observé sur Twitter Li Shuo, de Greenpeace East Asia, basé à Pékin. « Sera-t-elle mise en place immédiatement ? Implique-t-elle seulement les financements ou aussi la construction ? S’applique-t-elle uniquement aux acteurs étatiques ? Cela va-t-il conduire à un moratoire similaire sur les combustibles fossiles ? »

« En réponse au Covid, les provinces chinoises ont cherché à accroître l’activité industrielle »

« L’attention se porte dorénavant sur le volet domestique », ajoute le représentant de Greenpeace. Pékin n’a toujours pas soumis ses NDC [nouvelles contributions déterminées au niveau national]. On se demande ce qui la retient de le faire et s’il reste de la place pour faire davantage à l’approche du G20 et de la COP26 ». « Arrêter progressivement de financer des centrales à charbon à l’étranger est très important, mais la Chine ne doit pas s’abstenir pour autant de prendre des mesures audacieuses sur son propre sol, estime de son côté Helen Mountford, porte-parole en charge des questions liées au climat et à l’économie au World Resources Institute. La Chine devrait rejoindre les 117 pays qui ont déjà mis à jour leurs objectifs climat pour 2030, et soumettre un engagement climatique national plus fort avant la COP26. »

La bonne volonté affichée de la Chine ne doit pas faire oublier que ses émissions sont récemment reparties à la hausse. Selon le groupe de réflexion européen E3G, « en réponse à la crise du Covid et à ses conséquences économiques, les provinces chinoises ont cherché à accroître l’activité industrielle. 15 GW de nouvelles capacités de production d’électricité au charbon ont été mis en construction au premier semestre 2021, tandis que 24 GW de nouveaux projets ont été annoncés ou réactivés depuis leur suspension précédente. »

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