La Jungle. Calais, un déshonneur européen

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Migrations- Présentation par l’éditeur :
Le 23 septembre 2009, la jungle de Calais a été rayée de la carte par les CRS d’Eric Besson. Ce qui a été présenté par le gouvernement comme une opération d’intimidation contre les mafias de passeurs n’a conduit qu’à mortifier davantage des centaines de réfugiés qui fuient les guerres et la menace d’intégration forcée dans les rangs des extrémistes religieux, que nombre d’armées européennes combattent par ailleurs en Afghanistan.
Ce « coup de Kärcher » traduit tragiquement le repli sécuritaire d’un continent qui se perçoit comme une forteresse assiégée. Et qui choisit aujourd’hui d’externaliser la lutte contre l’immigration clandestine, en confiant notamment à la Libye du colonel Kadhafi le soin d’interner dans ses camps, pour une durée illimitée, les candidats au départ, hors de tout contrôle du HCR.
Si l’Union européenne ne respecte pas les conventions internationales qu’elle a ratifiées, si elle ne négocie pas des accords d’entraide avec les pays du Sud, si elle n’adopte pas des positions unifiées et pérennes sur les flux migratoires, elle se sera définitivement parjurée. Elle aura renié une partie des valeurs sur lesquelles elle prétend se construire.
Dans ce livre de reportage photographique auprès des réfugiés de Calais, Jérôme Equer montre la face cachée de notre prospérité, ce monde que nous ne voulons pas voir.
Journaliste, réalisateur et photographe, Jérôme Equer a naguère raconté par l’image, avec Hervé Kempf, la vie quotidienne des habitants de Gaza dans Gaza, la vie en cage
- Groupe debout devant un panneau routier.
En pasthou et en persan, la forêt de dit djangal. A l’oreille, le mot s’est vite transformé en jungle. Ce qui, dans l’imaginaire des Calaisiens, a contribué à faire du lieu une zone sauvage et dangereuse, sans lien avec la réalité. Il s’agit, en fait, d’un maigre espace boisé, proche du centre-ville, de la rocade qui prolonge l’autoroute A 216, et du terminal des ferries où stationnent les camions en partance pour l’Angleterre (p. 14).
- Assis devant la police.
En plus du stress, de la faim et des conditions climatiques épouvantables qu’ils subissent, les réfugiés sont traqués en permanence par les forces de police. Opérant généralement à l’aube avec chiens, matraques et gaz lacrymogènes, 500 CRS terrorisent les migrants et détruisent leurs cabanes (p. 34).
- Repas, deux enfants.
Sous l’égide de l’association La Belle Etoile, des centaines de déjeuners sont distribués chaque jour aux migrants sur le quai de Moselle, à une encablure de l’hôtel de ville. Tandis que les Asiatiques et les Africains sont servis séparément, les blessés, les femmes et les enfants, qui souvent atteignent à peine la puberté, sont prioritaire. Durant le repas rapidement avalé, des estafettes de la gendarmerie patrouillent dans les rues adjacentes afin de créer un climat de peur et de tension (p. 40).