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Libertés

La publicité transforme des Slovènes en paysans basques

Les publicitaires ne reculent devant aucun mensonge : un spot publicitaire représentant « d’authentiques paysans basques » a en fait été tourné en Slovénie. Cette réclame trompeuse promeut de grosses entreprises qui détournent l’effort des petits paysans basques pour une agriculture autonome et de qualité.

Une action spectaculaire vient d’avoir lieu ce jeudi 12 janvier à Pau (64) : des paysans du Pays Basque ont déversé 8000 litres de lait de brebis devant la Maison de l’agriculture. Cet acte de colère voire de désespoir risque fort d’être suivi par d’autres coups d’éclat dans les jours à venir.

En effet, les industriels laitiers du Pays Basque refusent de collecter 1,35 millions de litres de lait AOC Ossau-Iraty à la Coopérative basque des producteurs de lait, qui est un des bastions des paysans luttant pour la qualité et le respect de l’AOC du fromage de brebis du Pays Basque, dans l’objectif de permettre aux petites exploitations de survivre en misant sur la qualité plutôt que sur la quantité.

Les industriels jouent quand à eux sur l’utilisation de l’image Pays Basque pour écouler des quantités de plus en plus grandes de fromages, au détriment de leur qualité et de leur authenticité, et au risque de dégrader à terme le capital qualité fondamental pour maintenir localement une agriculture paysanne de petites et-donc- nombreuses exploitations.

Le cynisme s’affiche chaque jour avec de moins en moins de complexe :

-  telle publicité du groupe Lactalis mettant en scène des paysans et paysages soi-disant basques est en réalité tournée en Slovénie, comme le démontre le making of déniché sur internet... Cette publicité trompe les consommateurs tout comme le fromage qu’elle a pour objectif de vendre.

La pub pour le fromage « Le P’tit Basque – Istara » : un grand père basque dit à son petit enfant de berger « Quel goût ! T’es pas Basque pour rien mon petit ! »

Le making off : nous sommes en fait en Slovénie, et le grand-père lit en phonétique le message en question. Le publicitaire n’est en fait pas beaucoup plus faussaire que l’industriel laitier pour lequel il travaille, qui utilise quand à lui la marque AOC Istara pour ce fromage qui n’a rien d’AOC.

En effet, si « le P’tit Basque » se pare du nom Istara, marque de fromage faite avec du lait AOC Ossau Iraty, lui-même n’a en fait rien d’AOC. Ce genre d’arnaque se multiplie localement, avec les mêmes noms (Agour, Onetik) utilisés indifféremment pour vendre du fromage AOC ou du fromage non AOC, induisant le consommateur en erreur et mettant en danger la référentialité de l’AOC.

On en arrive à la situation absurde et intolérable où ces industriels laitiers importent désormais 8,5 millions de litres lait de brebis (d’Espagne et d’Aveyron) en Pays Basque, terre de bergers, et obligent au même moment les producteurs AOC à jeter 1,35 millions de lait de brebis basque non collecté !

Cette situation est inacceptable et génère aujourd’hui un climat de lourdes tensions en Pays Basque. Un bras de fer décisif pour cette bataille et pour l’avenir de l’agriculture de qualité en Pays Basque va se dérouler dans les jours à venir.

A un moment où la campagne présidentielle va regorger de « Produire français », quelle est sur ce scandale la position de M. Bruno Lemaire, ministre de l’agriculture ayant une résidence secondaire à Saint Pée sur Nivelle en Pays Basque et responsable du programme de M. Nicolas Sarkozy ?

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