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Le gouvernement va financer les grandes entreprises polluantes sans poser de condition écologique

Tard dans la nuit de vendredi à samedi 18 avril, dans le cadre du vote sur le projet de loi de finances rectificative à l’Assemblée nationale, le gouvernement et les députés de la majorité ont refusé de conditionner l’aide financière de 20 milliards d’euros, en cas de recapitalisation d’entreprises polluantes, à un changement en profondeur de leur modèle économique.

La société civile et des députés de plusieurs bords proposaient pourtant d’exiger des entreprises soutenues un « plan de transformation compatible avec les objectifs fixés par l’Accord de Paris », les contraignant à réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement et sa majorité parlementaire ont adopté un amendement visant à demander aux entreprises de s’engager pour la transition écologique, mais « aucune contrainte ni mécanisme de sanction n’ont été introduits dans le texte » selon Greenpeace, Oxfam et les Amis de la Terre. « Même la proposition de consulter le Haut Conseil pour le Climat sur l’utilisation de l’enveloppe de 20 milliards d’euros a été rejetée », déplorent les organisations dans un communiqué commun.

« Lamentable rejet par le gouvernement et la majorité de notre amendement demandant des contreparties aux grandes entreprises recevant les 20 Mds€ de participations de l’Etat, s’est insurgé le député Matthieu Orphelin, ex-élu La République en marche (LREM). Remplacé par un simple rapport greenwashing du gouv. Très mauvais signal pour le monde d’après. »

Sur son site internet, le député souligne le manque de démocratie dans lequel s’est déroulé le vote : « Notre amendement a été voté en pleine nuit, avec moins de 30 députées et députés présents, avec 3 représentants LREM qui possédaient à eux seuls la majorité absolue (ce qui est contraire au règlement de notre assemblée), et sans possibilité pour les signataires de l’amendement appartenant à la majorité de voter pour leur propre amendement ! »

De son côté, Clément Sénéchal, de Greenpeace, observe : « La crise sanitaire agit comme un bain révélateur des structures du pouvoir : le gouvernement ne sait plus comment gouverner sans les lobbies climaticides, alors même que la population demande un jour d’après plus résilient, qui passe nécessairement par la transition écologique demain et dès aujourd’hui. Cet épisode tragique pour le climat, où des milliards sont offerts, en catimini, aux secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, est d’abord une démonstration de force des dirigeants des grandes entreprises polluantes, qui imposent leurs intérêts particuliers au détriment de ceux des citoyennes. C’est une défaite du politique, de la démocratie et de la parole d’Emmanuel Macron, qui prétend ‘transformer le capitalisme’ et que le jour d’après ne ressemblera pas au jour d’avant. »

Pour Cécile Marchand, chargée de campagne climat aux Amis de la Terre, « on se retrouve dans une situation ubuesque où le gouvernement peut maintenant disposer des 20 milliards d’euros pour renflouer les multinationales polluantes, en toute opacité, sans contrôle démocratique ni réelle contrepartie exigée envers les entreprises. Le pire c’est qu’il fait mine de prendre en compte l’urgence écologique, alors qu’il refuse de contraindre les acteurs économiques précisément responsables de la crise climatique. Quelle crédibilité donner aux paroles d’Emmanuel Macron prétendant bâtir “une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone, la prévention, la résilience” dans ces conditions ? »

  • Source : Reporterre

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