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Les députés s’apprêtent à financer les grandes entreprises polluantes, sans conditions

-  Actualisation - Samedi 18 avril - Tard dans la nuit de vendredi à samedi 18 avril, dans le cadre du vote sur le projet de loi de finances rectificative à l’Assemblée nationale, le gouvernement et les députés de la majorité ont refusé de conditionner l’aide financière de 20 milliards d’euros, en cas de recapitalisation d’entreprises polluantes, à un changement en profondeur de leur modèle économique. - Détail ici.


-  Vendredi 17 avril - Le projet de loi de finances rectificative 2020, qui doit être voté ce vendredi 17 avril à l’Assemblée nationale, met à disposition 20 milliards d’euros pour le sauvetage de grandes entreprises dites « stratégiques », telles qu’Air France, Renault ou le parapétrolier Vallourec. Dans un communiqué, les Amis de la Terre, Greenpeace et Oxfam se sont alarmés qu’« aucune condition ne soit posée au versement de ces aides publiques, alors qu’elles pourraient renflouer des entreprises polluantes, qui contribuent fortement au dérèglement climatique ».

Pour les ONG, « alors qu’il est en position d’imposer des transformations fortes des secteurs qu’il renfloue, le gouvernement choisit la voie du “business as usual”, comme si l’urgence climatique n’existait pas ». Jeudi 16 avril, un amendement déposé par Matthieu Orphelin et 10 autres députés demandant des contreparties à l’augmentation des participations de l’État dans de grandes entreprises a été rejeté en commission des finances. Les députés de la majorité ont plutôt proposé d’exiger des entreprises soutenues la mise en place d’une politique de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Insuffisant selon les ONG.

Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne Politiques climatiques à Greenpeace : « Le sauvetage inconditionnel d’entreprises responsables de l’urgence climatique est tout simplement dangereux pour l’avenir des populations. En choisissant cette réponse à la crise économique, le gouvernement démontre qu’il ne prend toujours pas au sérieux la question écologique, c’est-à-dire le monde d’après. Pire, il prend prétexte de cette crise sanitaire pour blanchir son alliance indéfectible avec les lobbies, au moment où les citoyen-nes réclament au contraire une société résiliente et des lendemains tournés vers l’intérêt général ».

« Soutenir à bout de bras et sans condition des multinationales qui devront de toute façon se transformer, c’est rendre leurs salariés encore plus vulnérables aux prochaines crises », a aussi déclaré Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre. « Personne ne comprendrait aujourd’hui que l’on fasse un chèque en blanc à des modèles économiques qui nous amènent dans le mur », a dit Alexandre Poidatz, chargé du financement de la transition énergétique chez Oxfam.

Pour les ONG, « le soutien de l’État doit avoir pour seuls objectifs le maintien de l’emploi et la transition écologique ».

Une autre voie est possible, apprend-on par ailleurs : en Autriche, l’aide de l’Etat autrichien à la compagnie Austrian Airlines, que le gouvernement négocie actuellement avec la maison-mère Lufthansa, doit être conditionnée à des objectifs liés à la lutte contre le changement climatique, a déclaré jeudi 16 avril la ministre autrichienne de l’Environnement.

-  Source : Reporterre avec Oxfam et L’Usine nouvelle.

-  Photo : Wikimedia

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