Le média « Reflets » censuré par le propriétaire de BFM et « Libération »

Patrick Drahi, président fondateur du groupe Altice, 2019. - Flickr / CC BY-SA 2.0 / Ecole polytechnique
Patrick Drahi, président fondateur du groupe Altice, 2019. - Flickr / CC BY-SA 2.0 / Ecole polytechnique
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Libertés MédiasLe jeudi 6 octobre est un jour noir pour la liberté de presse : le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) a interdit au média Reflets.info de publier de nouveaux articles sur le groupe Altice, dirigé par Patrick Drahi (propriétaire de Libération, BFM-TV…). « Nous ne sommes pas censurés sur le passé… mais sur l’avenir ! » résume Reflets qui dénonce un « procès-bâillon ».
Début septembre, Reflets avait sorti une série d’articles exploitant des documents internes d’Altice, piratés et mis en ligne par un groupe de hackers. Trois articles étaient notamment consacrés au train de vie de Patrick Drahi, évoquant « appartements de luxe, super-yacht, jets privés, caprices de milliardaires ». Le 16 septembre, Altice a saisi la justice en demandant la censure de ces trois articles, sur la base d’une violation du secret des affaires.
« Le juge refuse de prendre en compte la question de la liberté d’information »
La procédure a fait bondir le syndicat national des journalistes (SNJ) et le collectif Informer n’est pas un délit, qui milite contre la protection du secret des affaires, jugeant qu’il s’agit d’une entrave à la liberté de presse.
Finalement, le juge des référés a estimé que l’argument du secret des affaires n’était pas pertinent, compte tenu du fait que les articles évoquent seulement le train de vie de Patrick Drahi et que Reflets.info n’est pas responsable du piratage. Le journal d’investigation en ligne est donc autorisé à conserver les articles déjà publiés. En revanche, il lui est interdit de continuer à exploiter les documents piratés dans de nouvelles publications.
Une décision que l’avocate de Reflets juge incohérente selon les propos rapportés par Mediapart : « D’un côté, elle nous donne raison en disant que Reflets ne s’est pas rendu coupable d’une atteinte au secret des affaires. Mais de l’autre, le juge des référés refuse de prendre en compte la question de la liberté d’information, un principe pourtant à valeur constitutionnelle, en interdisant la publication de nouveaux articles. » Le média, qui a l’intention de faire appel, est également condamné à payer un total de 4 500 euros pour les frais de justice d’Altice.